Rien de neuf sous le soleil du Collège ? Au contraire !
Ancien du Collège et fier de l’être, j’ai le plaisir de prendre la plume pour vous décrire pourquoi et comment notre bon vieux « Saint-Mich » s’est engagé dans un processus de modernisation.
Ce processus s’ancre dans notre volonté d’étoffer notre profil de sortie mais aussi dans celle de la Compagnie de Jésus de voir les écoles se réclamant de sa tradition mettre en œuvre une pédagogie émancipatrice, centrée sur l’élève et ouverte aux grandes questions qui agitent l’Humanité. Au rang de celles-ci, l’éco-responsabilité occupe une place de choix
Le profil de sortie
Notre vieux « fonds de commerce » – apprentissage de la complexité, de la rigueur et de l’esprit critique ainsi que la capacité certaine à s’exprimer par écrit et oralement – garde toute sa pertinence et se vit toujours au sein des cours. Il convient, cependant, de l’adapter de manière à répondre à de nombreux défis, notamment aux compétences du 21e siècle et à la maîtrise du numérique.
Les compétences du 21e siècle
Il est loin le temps des carrières professionnelles linéaires. Nos jeunes sont désormais appelés à se former toute leur vie pour s’adapter à des nouveaux métiers dont beaucoup sont encore à inventer. Nous devons donc absolument, premier défi, apporter des modifications à nos méthodes pédagogiques pour « éduquer » nos élèves à cette autodidaxie permanente. Par ailleurs, nos jeunes travailleront de moins en moins « en solo » mais bien au sein de cabinets d’architectes, d’avocats, d’ingénieurs ou d’équipes pluridisciplinaires (par exemple, dans le domaine médical ou dans celui de la recherche). L’apprentissage de la collaboration professionnelle constitue, dès lors, un deuxième défi pour nos méthodes pédagogiques.
L’apprentissage du numérique et des technologies
Tout comme la maîtrise des langues, celle des outils informatiques fait partie de ces compétences annexes supposées « normales » dans le monde professionnel. Leur utilisation s’impose désormais dès les études supérieures. Pour maintenir l’excellence académique dont nous nous prévalons, il est donc essentiel que nos élèves sachent utiliser correctement un traitement de texte, un tableur et un logiciel de présentation. Il faudra aussi que tous soient progressivement initiés au codage informatique.
Ce troisième défi nécessite des investissements importants, notamment pour implémenter un réseau wifi performant, capable de supporter l’activité informatique simultanée de plus de 1500 utilisateurs.
Parallèlement, nous sommes en train d’implémenter un FabLab – « laboratoire de fabrication » – dans lequel jeunes et adultes manipulent des ordinateurs, écrivent des lignes de code informatique, construisent des circuits intégrés sur des cartes à puces, utilisent une découpeuse laser, des imprimantes 3D, des machines à tricoter, une brodeuse, et bientôt feront du montage audio et vidéo. Belle manière aussi de promouvoir la collaboration, le co-working et la polyvalence.
Une pédagogie plus active, centrée sur l’élève.
Le temps où soit on écoutait activement le professeur, soit on faisait poliment semblant de l’écouter, est bien fini. Qu’on le regrette ou non, nos jeunes changent. Désormais quand les élèves s’ennuient, ils le font savoir ! Pour maintenir leur attention, il faut donc les mobiliser par des projets collectifs ou des objectifs à atteindre.
De son côté, consciente des enjeux éducatifs contemporains, la Compagnie de Jésus nous donne désormais la mission de déployer des méthodes pédagogiques centrées sur l’élève et plus (uniquement) sur les matières. Cette réaffirmation de la Cura personalis passe par la prise en compte des intelligences multiples ainsi que des profils, des besoins et des rythmes d’apprentissage particuliers. Tout ceci implique, quatrième défi, un véritable changement de posture pour le professeur. Dans un futur assez proche, il sera de moins en moins le premier acteur de la pièce « cours de sa branche ». Il en restera le metteur en scène et optera pour une attitude de second rôle qui lui permettra de passer d’un groupe de travail à l’autre, d’un élève à l’autre ; d’observer, de reprendre la main quand cela s’avère nécessaire, de coacher un élève ou un groupe d’élèves, etc.
La sauvegarde de la maison commune
La Compagnie de Jésus, par la voix de son Supérieur général, le Père Arturo Soza, a défini ses préférences apostoliques pour les dix prochaines années. On y trouve une injonction, cinquième défi, à mettre en œuvre une pédagogie ouverte aux grandes questions qui agitent nos sociétés. Il s’agit, entre autres, de nous mobiliser pour la « sauvegarde de la Maison commune » : la Compagnie de Jésus met ainsi l’accent sur l’éco-responsabilité et les enjeux sociaux et sociétaux qui la sous-tendent.
Cette préoccupation est véritablement en train d’intégrer la manière de vivre à Saint-Michel. Grâce au dynamisme et à la créativité d’une cellule de professeurs, des initiatives ont vu le jour en matière de consommation responsable et durable : la vaisselle jetable, les cannettes de soda ou les bouteilles d’eau minérale sont en train de disparaître définitivement au profit de la vaisselle réutilisable, des gourdes et des fontaines à eau. Ces initiatives impliquent fortement un nombre croissant d’élèves. Toute cette énergie positive a valu au Collège d’obtenir pour deux ans le label Eco- School. A ce jour, seules neuf autres écoles bruxelloises ont reçu cette marque de reconnaissance !
Et les Anciens, alors, dans tout ce remue-méninges et ménage ?
Notre Collège gagne à avoir beaucoup de contacts avec l’extérieur pour s’enrichir d’expériences et de pratiques qui lui permettront de relever ces cinq défis majeurs. Dans cette perspective, les Anciens du Collège et leurs réseaux peuvent assurément constituer un atout considérable. Bien entendu, l’AESM nous offre déjà une série de coups de pouce très appréciés. Mais, ceux d’entre vous auxquels ces cinq défis parlent dans leur réalité professionnelle pourraient nous en apporter d’autres. Intéressés ? N’hésitez pas !