Mon vieux Collège

C’est la plume tremblante que je m’apprête à rédiger cette première chronique dans les vénérables pages de la revue officielle de mon ancien Collège. Je sens déjà le jugement impitoyable de mes anciens professeurs de français et de latin sur mes erreurs grammaticales, orthographiques ou encore sur la mauvaise concordance des temps. J’entends d’ici : “Homez, ce cancre, autant faire écrire un texte à un manchot”. Je voudrais donc prévenir d’emblée : cette chronique n’engage que moi, je me laisse « toute » liberté dans la manière de la présenter (au diable : introduction – développement – conclusion). Je ne voudrais sûrement pas faire croire que le Collège puisse former des imbéciles dans mon genre.

Cette chronique que vous devrez subir à chaque numéro d’Horizons (désormais uniquement en version digitale – le Collège vit avec son temps) a pour nom « Carte Verte ». La Carte verte est bien connue de ceux qui fréquentent ou ont fréquenté le Collège. Il s’agit d’un avertissement infligé à un élève suite à un comportement inapproprié qu’il aurait pu commettre dans l’enceinte du Collège. Moi qui vous écris, j’ai eu l’honneur d’en recevoir deux. Une troisième et j’étais dehors – il était moins une. A mon tour désormais d’infliger des cartes vertes à tout sujet que j’estime « inapproprié ». Politique, cinéma, littérature, débats de société, je n’épargnerai rien.

Le paradis des cancres

Mais pour la première de la série, j’ai décidé de faire une entorse au principe. Je vais vous parler de mes jeunes années au Collège. A chaque fois qu’il m’arrive de passer devant ses grandes enceintes de briques brunes et ses tours imprenables, j’éprouve comme un pincement au cœur, une mélancolie sourde. Je ne suis pas le seul dans ce cas. Mais pourquoi donc ? Serait-ce les innombrables échecs récoltés au cours de ces six années ? La kyrielle de retenues ? Les engueulades à répétition des profs de math (je pense en particulier au plus emblématique d’entre eux – inutile de le citer) ? Serait-ce les cours de gym passés à faire des flexions (« Homez, cinquante flexions ! ») ? Si dans un autre établissement, ces mésaventures auraient pu me dégoûter à jamais de l’enseignement, pas au Collège. A Saint-Mich, on sait se montrer autoritaire sans jamais être injuste. On peut être faible sans se faire écraser. Bon, n’exagérons rien, je ne voudrais quand-même pas faire passer le Collège pour un paradis de cancres.

Mais enfin, aujourd’hui, presque dix ans après ma sortie du Collège, il ne se passe pas un jour sans que ma vie soit rattachée à celui-ci. Je me demande souvent quels souvenirs les professeurs gardent des innombrables élèves qu’ils voient défiler ? Savent-ils seulement l’influence durable (ou les dégâts durables, selon les points de vue) qu’ils ont exercée sur nous ? Ignorent-ils que presque aucune de nos soirées ne se passent sans que l’un ou l’autre remémore une bonne histoire impliquant tel ou tel prof (certains reviennent souvent mais je ne citerais pas de nom). L’autre jour, j’ai pensé – dans un accès de vieillesse – que si j’avais des enfants, je les inscrirais à Saint-Michel. Et je me suis dit que ce serait un acte bien égoïste de ma part : une occasion toute trouvée de pouvoir à nouveau fréquenter les bancs de mon vieux Collège.

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