Entretien avec Benoît Gallez

Une fois n’est pas coutume, « Horizons » va à la rencontre d’un ancien qui travaille au collège Monsieur Benoît Gallez, sous-directeur, responsable du 2ème degré.

Horizons : Pour commencer cette interview, une présentation chiffrée du 2ème  degré ?

M. Gallez : Il y a 550 élèves, environ 55% de garçons et 45% de filles. 12 classes en 3ème et 10 classes en 4ème. Une petite cinquantaine de professeurs masculins et féminins fréquentent ce 2ème degré mais certain(e)s sont aussi rattaché(e)s au 1er ou au 3ème degré.

Horizons : Pourquoi un nombre de classes plus élevé en 3ème qu’en 4ème ?

M. Gallez : Voilà une question qui plonge directement dans les défis à relever dans mon degré ! La différence du nombre de classes est liée aux modifications du profil scolaire de notre population d’élèves. Modifications dues d’une part au Décret-inscriptions au 1er degré qui mixte davantage notre public scolaire et d’autre part,  au nouveau Certificat d’études du 1er degré qui depuis juin 2013 impose que la certification du français et de la mathématique des deux premières années d’humanités soit fondée uniquement sur la réussite d’une épreuve commune à toute la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et en juin prochain, on y ajoutera le néerlandais. Et comme ces épreuves certificatives ne sont pas très compliquées, davantage d’élèves ont réussi leur 2e année. J’ai donc dû créer deux classes supplémentaires pour accueillir ce surcroit d’élèves en 3ème !

Horizons : On peut donc parler d’une « massification » des réussites scolaires au terme du premier degré !

M. Gallez : Effectivement ! Et les défis à relever au 2ème degré se situent là. Rester St-Michel tout en s’adaptant et en évoluant. Certes, la mixité sociale et les différences d’intelligence sont plus grandes qu’avant mais la pédagogie des collèges jésuites ne change pas et est toujours applicable : l’attention à chacun et l’appel à progresser.

Horizons : Et comment vous faites ?

M. Gallez : Plutôt : on essaie de faire ! Avec le peu de moyens dont nous dotent les politiques mais avec l’énergie et la motivation des professeurs et des éducateurs ! Ainsi par exemple, aujourd’hui, nous avons beaucoup d’élèves de 3ème qui sont déjà en échec. Nous ne pouvons pas les abandonner mais leur proposer des remédiations et une nouvelle méthode de travailler. J’aime dire aux professeurs du 2ème degré que nous devons agir de la sorte, au sein même de nos cours plutôt qu’après. Agir de façon préventive plutôt que curative. Mais il n’y a pas que le défi pédagogique à relever, il a l’éducatif à assurer.

Horizons : C’est-à-dire ?

M. Gallez : Les élèves du 2ème degré sont en pleine adolescence et il faut donc, chez certains leur apprendre à canaliser leur désir de liberté et leur donner un cadre… De plus, les éducateurs et moi-même, avec l’aide du PMS, nous sommes de plus en plus confrontés à des problèmes familiaux aigus que vivent ces adolescent(e)s, tous milieux sociaux confondus. On gère et on aide autant que faire se peut. Toujours, au niveau éducatif, au 2ème  degré, nous avons mis sur pied pour les élèves de 3ème des activités de prévention aux assuétudes où dans chaque classe, pendant deux heures, un tabacologue anime un débat  sur un mode interactif.

Horizons : D’autres initiatives ?

M. Gallez : J’en épinglerai trois : la conscientisation au Tiers-Monde via l’asbl Défi Belgique-Afrique (DBA), l’animation du degré par la réalisation de deux journaux rédigés par des élèves, l’engagement des classes latines dans leur préparation à leur voyage à Trèves.

Horizons : Et votre mission auprès de vos professeurs ? Quelle est-elle ?

M. Gallez : Il y en a plusieurs ! Conscientiser et motiver les professeurs du degré afin qu’ils soient eux-mêmes des acteurs et des partenaires du projet du collège et des finalités du 2ème degré. Etre proche d’eux et les accompagner le mieux possible dans leur mission d’enseignement et d’éducation. Travailler en équipe et en confiance. Transmettre la pédagogie jésuite à tous les professeurs et initier les nouveaux à celle-ci et à notre projet d’établissement.

Horizons : Y aurait-il beaucoup de nouveaux profs ?

M. Gallez : Oui, et il y en aura de plus en plus ! Le renouvellement du corps professoral de St-Michel va aller en s’accélérant, car 40%  des professeurs du collège ont aujourd’hui  la cinquantaine. Ici comme dans tous les collèges de la Compagnie, la majorité des profs ne connaissent pas la tradition jésuite. Il faut donc avec l’appui de la Coordination des collèges jésuites les initier et les intégrer à la pédagogie ignacienne.

Horizons : L’avantage pour vous est que vous la connaissez, car vous êtes un ancien de St-Michel !

M. Gallez : Oui : Ads.1985, de la classe de Monsieur Luc Legrand. Et si je suis devenu professeur, c’est parce que durant mes études à St-Michel, j’y ai découvert « le plus » de la pédagogie jésuite. Je venais d’une école primaire de Schaerbeek, une école tenue par les Frères des Ecoles chrétiennes (aujourd’hui le Collège Roi Baudouin). J’ai réussi l’examen d’entrée – à l’époque, cela existait ! – Je rentrais dans un collège « immense » à mes yeux, hiérarchisé et structuré, et en plus, à la réputation de discipline et d’exigence. Et pourtant ce qui m’a marqué à St-Michel et qui suscitera ma vocation de prof., c’était la proximité réelle et non feinte entre les professeurs et leurs élèves. On pouvait dialoguer avec nos profs, ils étaient en même temps enseignants et éducateurs, la majorité étaient de fortes personnalités qui ne cachaient pas leurs limites et savaient en rire. Et mon ressenti était encore plus grand avec des professeurs ou des titulaires jésuites.

Horizons : En quelle année avez-vous commencé votre carrière d’enseignant à St-Michel ?

M. Gallez : En 1991, d’abord comme professeur en 1ère année puis en 1995, au 2ème degré comme professeur de français, latin, histoire et titulaire de 3ème. A partir de 2002, j’ai été nommé l’adjoint de Monsieur Angenot,  Préfet des 3-4 et en 2008, je l’ai remplacé lorsqu’il a pris sa pension. Depuis cette date, la fonction n’a plus d’adjoint ! Restrictions obligent.

Horizons : A supposer qu’il n’y ait plus de restriction…quelle serait votre priorité ?

M. Gallez : Avant tout dans l’encadrement des élèves du degré. Je rêve d’un éducateur ou éducatrice supplémentaire pour être davantage sur le terrain et assurer le suivi éducatif et parfois disciplinaire des élèves ainsi que les problèmes sociaux et familiaux qu’ils vivent parfois à leur âge.

Horizons : Pour terminer cette interview, une question personnelle : en dehors du collège, qui est Monsieur Gallez ?

M. Gallez : Un mari : ma femme est également enseignante. Un papa : j’ai trois filles 15-12 et 4 ans et l’aînée est élève au collège en 3ème .Une passion : la guitare. J’ai même autrefois été tenté d’en faire ma profession – eh oui !- mais finalement j’ai opté pour l’enseignement. J’ai fait partie très longtemps du parascolaire guitare au collège, puis la charge de préfet étant très absorbante, j’en suis arrivé à ne plus même en jouer. Depuis trois ans, j’en rejoue, regagné par le virus et profitant pleinement des applications qu’on peut mettre sur sa tablette pour laisser libre cours à l’improvisation. Mais j’ai d’autres hobbys : la lecture à connotation historique et le jardinage, excellente détente pour un préfet…

Horizons : On n’en doute pas ! En tout cas, Monsieur Gallez, soyez remercié pour cet entretien qui a permis aux Anciennes et Anciens de (re)découvrir le 2ème degré du collège et son préfet.

 

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