Le Collège « encerclé » et « débouché »

L’Homme a toujours voulu connaître l’environnement qui l’entoure. Que ce soit pour des grandes batailles militaires, pour la création d’une ville ou pour la simple installation d’une famille, il vaut mieux connaître son entourage. Pour le Collège, le conseil reste identique. Pourtant, fort est à parier que beaucoup d’entre nous ignorent la vraie signification des lieux actuellement ou autrefois fréquentés à outrance. Savez-vous qui fut le Père Eudore Devroye ? Qui se cache derrière le prénom et nom de Maurice Liétart ? Et que peut nous enseigner Boileau à part les retards sur les lignes 7 et 25 de la S.T.I.B. ? Le Collège n’est pas seulement rempli de grands noms, il en est encerclé et l’un d’eux débouche sur ses pavés. Rapide tour d’horizon des célébrités.

Au sud, côté théâtre, se dresse la rue Père Eudore Devroye, constituant un ancien tronçon de la rue Charles Legrelle ouverte au début du XXème siècle. Né en 1869, Eudore Devroye, devenu entre-temps jésuite, enseigna la philosophie et la théologie au théologat de Louvain. Règne alors, dans la rue, une ambiance studieuse à sens unique. Mais, au-delà de ses fonctions d’enseignement, il fut recteur des Collèges jésuites de Charleroi, Tournai et Mons et passa aussi par le Collège Saint-Michel, y étant recteur de 1912 à 1918, en pleine première guerre mondiale. Grand résistant à l’oppresseur, il hébergea dans les murs du Collège, la rédaction clandestine de La Libre Belgique et fut, pour ce fait, arrêté de nombreuses fois par les Allemands. En 1929, il mourut des suites d’un accident de chemin de fer à Hal. Il est aujourd’hui honoré par une rue d’Etterbeek mais au-delà d’une plaque, c’est une grande figure qui surveille l’actuelle cour de récréation des élèves du troisième degré. Qu’ils en soient convaincus !

A l’est, derrière le Collège, le nom de la rue honore un soldat tombé lors de cette même première guerre mondiale : Maurice Liétart. Son nom a remplacé celui d’André Fauchille, propriétaire du terrain sur lequel la rue avait été tracée et aménagée. Paix à son âme : le prolongement de la rue – vers l’avenue de Tervuren – conserve le nom du propriétaire initial. Sur Maurice, peu d’informations. Par contre, tout le quartier fut développé à l’initiative d’un homme : Edmond Parmentier. En effet, l’actuelle avenue Roger Vandendriessche (la parallèle à la rue Maurice Liétart, vers l’est) était autrefois un chemin appelé l’ « avenue Verte » traversant le Bois de Linthout. Telle est sa description dans l’Atlas communal de 1808. Après un premier tronçon

jusqu’à la rue du Collège Saint-Michel, Edmond Parmentier proposa de prolonger l’ « avenue Verte » et un nouveau quartier, connu sous le nom de « Quartier de l’avenue Verte », concrétisa le projet de l’entrepreneur. Le tout fut fixé avec la commune en 1906. Retour à nos affaires : le projet entraina la création de nouvelles rues aux frais d’Edmond Parmentier, dont la rue Père Eudore Devroye et Maurice Liétart. Nous y sommes. Le tracé de ces dernières fut par ailleurs déterminé par un Arrêté Royal du 31 juillet 1909. Et leur aménagement relativement récent (travaux effectués vers 1913) explique le tracé irrégulier de la frontière d’Etterbeek. Rappelons que le Collège était alors ouvert depuis 1905. Il a vu grandir le projet et parions qu’il en fut certainement une des raisons d’être. Moteur d’un projet déjà peut-être à l’époque, de beaucoup d’autres, tout aussi excitants, sûrement aujourd’hui.

Quant à l’ouest, au pied du Père Eudore Devroye, un des 2.200 arrêts de la S.T.I.B. crache chaque jour bon nombre d’élèves et de professeurs des quatre coins de la Région-Capitale. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément » : Nicolas Boileau (1636-1711, Paris) ne peut que trop bien éclairer le Collège de son œuvre. Poète, écrivain et critique français, Nicolas tenta la théologie sans succès avant de se tourner vers le droit qui le dégouta à tout jamais. Ce dégout ne semble pourtant pas avoir des répercussions sur nos murs ; au vu de la très grande propension qu’ont les élèves du Collège à suivre des études juridiques ! Quoi qu’il en soit, Boileau connaîtra la gloire via ses satires et son ouvrage intitulé l’Art Poétique (1674). Mais rappelons-nous que « Qui vit content de rien possède toute chose ».

Enfin, l’ouest et le nord sont des miroirs ; le boulevard et la rue empruntant leur nom au Collège. Des grands noms peuvent donc influencer le travail au sein de notre institution, mais son rayonnement influence aussi d’autres lieux. N’est-ce pas la qualité des grands hommes ? Que de se servir des beaux exemples du passé pour devenir, lui-même, un exemple pour les générations futures ? Et puis quoiqu’il en soit, et au cas où, retenons qu’ « Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire » (Boileau).

Pour plus d’informations : consultez l’Inventaire du patrimoine architecturale de la Région de BruxellesCapitale qui recense et documente le patrimoine bâti de la ville, afin d’en promouvoir la connaissance, www.irismonument.be

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