Alfred Blondel, sculpteur

Fidèle d’entre les fidèles à l’AESM et au Collège, notre ami Alfred Blondel vient de tirer sa révérence à 97 ans.

Né à Anvers en 1926, Alfred était issu d’une famille d’entrepreneurs et d’artistes dont, entre autres, un oncle graveur, un grand-oncle peintre, Eugène Boch, ami de Vincent van Gogh (et peint par lui), et une grand-tante, Anna Boch, peintre impressionniste reconnue et membre du Groupe des XX, laquelle acheta d’ailleurs à Vincent Van Gogh le seul tableau qu’il vendit de son vivant.

Alfred a passé sa jeunesse à Bruxelles, la seconde guerre mondiale coïncidant avec ses dernières années à Saint-Michel.

Extrait – Collège Saint Michel Scoutisme

Doté d’une prodigieuse mémoire, il est d’ailleurs revenu sur ses souvenirs lors d’une interview de 2019, racontant notamment qu’un jour tous les élèves avaient été invités à rentrer chez eux après qu’une bombe allemande ait fait voler en éclat toutes les fenêtres du Collège.

Extrait – Les vitres de Saint Michel

Après des études de Docteur en droit, d’ingénieur commercial à Louvain et un diplôme à l’université de Chicago à une époque où la traversée transatlantique se faisait en bateau en une petite semaine au départ du Havre, il se lance dans une carrière professionnelle internationale qu’il abandonne peu après l’âge de 50 ans, se découvrant une passion pour la sculpture.

Encouragé par son épouse, il fréquente quelques académies, construit un atelier chez lui à Bruxelles, entame une énergique reconversion et travaille sans relâche et avec passion pendant plus de trois décennies. Depuis ses origines, l’œuvre sculpturale d’Alfred Blondel a été consacrée quasi exclusivement à la beauté féminine dans ses expressions spontanées, sereines, naturelles, pudiques. Ses œuvres allaient de la petite dimension aux deux-tiers de la taille humaine ou à celle-ci même, mais ne la dépassaient pas. A part quelques têtes, toute son attention se concentrait sur le corps dans son ensemble, en écartant tout ce qui pourrait troubler sa beauté tels que socles, base, appui ou siège. Ses œuvres naissaient en pierre ou en terre, celles-ci donnant naissance à des bronzes.

Alfred Blondel a sculpté 513 terres cuites et produit 1342 bronzes. Ses oeuvres embellissent une douzaine de places à Bruxelles et dans le Brabant Wallon. Elles ont aussi trouvé leur place dans quantité de foyers en Belgique et à l’étranger. Son parcours et ses nombreuses expositions ont fait l’objet de quatre monographies.

Dans la plus récente « Alfred Blondel, sculpteur dans l’âme », Gabriel Ringlet, un de ses fervents admirateurs, partageait ceci en 2016 : « S’il y a musique et silence, il y a aussi nuit et jour dans la statuaire d’Alfred Blondel, et souvent nuit et jour en même temps, une douce lumière jusque dans la pénombre… Si l’ombre et la lumière des sculptures de l’artiste me donnent grande joie, si leur musique autant que leur silence m’offrent des moments d’heureux apaisement, c’est aussi, je crois, parce qu’elles ouvrent – si bien – au troisième dialogue entre le corps et l’âme. … J’aime les corps terreux de Blondel qui sont corps ‘cièleux’. Et j’aime que l’artiste représente une chair sensible qui soit aussi chair spirituelle, un peu à la manière sémite où l’âme est toujours multiple… Quel appétit de vie dans sa sculpture ! Au commencement, il y a un artiste. Et une femme. Et de la glaise. Et puis viennent des poses et des dessins et des modelages. Et au bout de tout cela, une transmission. Et donc un mystère. Car le modèle s’en va, la sculpture s’en vient, mais pour un moment. … Je crois, oui, qu’en nous offrant ses sculptures, Alfred Blondel nous partage une histoire, il nous livre un étonnement, il nous communique une admiration et, surtout, il nous passe le relais. »

Ses proches pensaient le voir passer le cap d’un siècle d’existence. Alfred Blondel est décédé inopinément, peu après une belle fête de Noël lors de laquelle il était plein d’entrain et d’enthousiasme, entouré de sa grande famille, dont six de ses petits-enfants sont d’ailleurs Anciens et Anciennes du Collège et une septième qui y termine ses humanités. L’AESM leur présente toute sa sympathie.

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