Un Paris réussi

Ce cinq mai, j’arrive au Collège légèrement stressé : les cars sont-ils là ? Il faut dire que c’est la première fois que je m’occupe d’une telle « entreprise » (réservation de l’auberge de jeunesse, des musées, des sorties théâtrales…) après avoir été coaché par Baudouin Hambenne durant deux années. De plus, les deuxièmes secondaires en partant en classes vertes, trois jours plus tôt, n’ont vu leurs bus arriver que très tard ! Après un furtif regard, je vois l’un d’eux parqué au bon endroit. Le voyage tant attendu peut commencer !

Les élèves rejoignent la rue Père Eudore Devroye, ponctuels et détendus, mais certains sont vêtus en campeurs (jogging, casquette, baskets blanches…). Quelle horreur ! En fait, c’est une plaisanterie en réponse à une farce que quatre titulaires de cinquième et leurs accompagnateurs ont élaborée quelques jours plus tôt : afin de se montrer solidaires de leurs collègues restés au Collège et ayant opté pour un arrêt de travail, le 6 mai, à cause, notamment, du prince des voleurs (le décret Robin des bois), ils ont fait croire que les cars, eux aussi, allaient s’arrêter durant quelques heures et qu’il faudrait, dès lors, loger dans les jardins du château visité ! Bien sûr, toutes les activités nocturnes parisiennes sont annulées lors de cette première soirée… Les élèves n’y virent que du feu étant donné la qualité de la coordination professorale ! Il était donc normal, qu’à leur tour, ils nous taquinent !

Après trois heures de voyage, nous arrivons au Château de Pierrefonds situé en forêt de Compiègne, demeure « reconstituée » par Viollet-le-Duc au 19e siècle. Mais avant de le visiter, une heure de pédalo est prévue, sur le lac (pas celui de Lamartine)! Un pari fou, me direz-vous ? Absolument pas. Le but est de se dégourdir les jambes et de profiter du cadre enchanteur unique… Et en parlant de jambes, je peux dire que Bernard Wampach et Baudouin Hambenne (les titulaires de 6T1 et de 6T8) ont été remarquables ! Sans jamais se plaindre et dans un rythme soutenu, ils nous ont mené, Cindy Harvanek (titulaire de 5T8) et moi-même, à bon port. Et ce, malgré les nénuphars et les poules d’eau présents sur le chemin ! De vrais marins d’eau douce ! La visite du château a été, elle, magnifique d’autant plus que nous avons pu assister, par hasard, au tournage de la série « Merlin » et admirer, dans la chapelle, une statue de notre protecteur, Saint-Michel! Quelle révélation…

L’arrivée vers Paris est rapide : bagages déposés à 18h chez BVJ, auberge idéalement située près du Louvre, tour sur les vedettes du Pont-Neuf à 19h et Comédie Caumartin à 21h30 ! Un sujet parlant attend les élèves : comment inviter ses 3 premiers amours à un soi-disant barbecue pour mettre à l’épreuve son futur mari ? Autant dire que les étudiants n’ont jamais été aussi attentifs …

Le deuxième jour commence par la visite du Musée de l’Orangerie. Les élèves peuvent découvrir leurs toiles expliquées quelques jours auparavant, en classe. C’est un moment agréable d’ « impressions » et d’échanges autour d’œuvres extraordinaires. Une fois sortis du musée, nous nous rendons vers l’opéra Bastille, puis vers la place des Vosges et vers la maison de Victor Hugo, pour terminer le périple pédestre par l’église Saint-Paul. Nous dînons, enfin, du côté de Notre Dame, près de l’église Saint-Séverin (un vrai petit joyau avec sa colonne torsadée). L’après-midi est consacré au quartier de Montmartre et surtout à la visite de son espace Dali. Nous bénéficions d’une conférencière remarquable qui nous explique, avec passion, le personnage atypique (homme d’affaires provocateur) et la composition surréaliste de ses divers objets. Le « cabot de la République », Nicolas Sarkozy, nous attend en soirée. Des humoristes de talent nous dépeignent la situation politique française et n’hésitent pas à faire preuve de poésie dans des sujets graves comme la mort et le nucléaire. Un brin de romantisme et d’audace envahit la salle…

Le dernier jour est consacré au domaine scientifique. Visite du Palais de la Découverte, pour commencer, avec l’exposition temporaire sur Youri Gagarine mais aussi des expériences dans les domaines visuels, acoustiques… Moi qui ne suis pas un scientifique, je peux dire qu’il y a des choses qui m’ont interpellé (la création de molécules, la diffraction de la lumière…) ! Le Musée des Arts et Métiers, pour terminer avec notamment le département mécanique où je peux expliquer à mes élèves le fonctionnement d’un moteur à injection directe, le downsizing… J’étais d’ailleurs très étonné qu’ils ne s’y connaissent pas dans ce domaine alors que moi, professeur de lettres, j’y voue une certaine passion (non loin de là se trouve, d’ailleurs, un magnifique garage Aston Martin) ! L’après-midi se passe aux Champs-Elysées où nos étudiants font preuve d’une retenue certaine devant les prix affichés des grandes devantures… 18h : le retour vers la Belgique est inéluctable.

Souvenirs, souvenirs…Les jours suivants, aux intercours, Paris se trouve à Bruxelles… Impossible de ne pas échanger nos photos, nos réflexions et notre bonne humeur, preuve s’il en est, que ce genre de voyage s’inscrit parfaitement dans la logique ignacienne.