Un extracteur de miel à Madagascar

Cet été, l’AESM a soutenu plusieurs projets scientifiques et humains permettant à des étudiants universitaires, anciens du Collège, de mettre leurs talents au service des populations du Tiers-Monde. Jérôme Goffart  (ads 2014) nous raconte sa réalisation d’un étonnant et astucieux extracteur de miel à Madagascar.

Mercredi 30 septembre : nous voilà arrivés à Antananarivo, capitale de Madagascar. Déjà dans l’avion, nous avons été ébahis à la vue de ce si beau pays. Arrivés à l’hôtel, c’est anxieuse et un peu stressée à cause de cet inconnu à venir que notre équipe s’endort. Au petit matin, on ne perd pas de temps ; réveil 6h15 et au taquet pour commencer nos emplettes. L’équipe de Louvain Coopération qui nous encadre pour notre projet à Morondava nous a conseillé d’acheter tout le matériel nécessaire à la construction de l’extracteur à la capitale. Les trois journées de recherche de matériel se déroulent à merveille et s’avèrent même bien plus faciles que prévues ! Nous avons arpenté les marchés et les zones industrielles et très vite nos sacs se remplissent. Nous avons même trouvé le fût à la dimension parfaite, c’est mieux que ce que nous espérions : notre équipe commence à prendre confiance.

Après un superbe voyage de 12 heures en bus appelé « taxi brousse » – une expérience à vivre !-, nous arrivons à Morondava, où l’équipe locale de Louvain Coopération vient nous chercher pour nous amener à notre logement. Nous resterons 13 jours dans cet appartement. Celui-ci est bien différent de ceux en Belgique : pas de rideau de douche, pas de porte de toilette, petits cafards ici et là, mais nous nous rendons vite compte que la plupart des gens ne peuvent pas s’offrir ce genre de logement. Cependant, nous sommes tout de même étonnés des différents contrastes de richesse. A la capitale par exemple, un centre commercial très luxueux siégeait à côté d’un bidonville.

Le premier jour se déroule calmement : nous avons une première réunion avec l’équipe de Louvain Coopération, qui nous donne plusieurs conseils et apprend à connaître notre projet en profondeur. Ensuite, le directeur nous emmène voir l’ONG locale pour qui nous travaillons : FITAME. Ils nous montrent où nous travaillerons tout le long du projet, dans un entrepôt, dépourvu d’électricité et gardé par Monsieur Pascal. Très vite, nous nous rendons compte que Monsieur Pascal vit dans la petite pièce de 6m² au fond de l’entrepôt . Il n’a que très peu de biens, mais a l’air d’être très heureux. Dès qu’il nous voit, il éclate de rire, et est d’une gentillesse pure.

Nous amenons donc tout le matériel à cet endroit et commençons le projet. Les trois premiers jours ne sont pas les plus drôles. Nous avons tous les matériaux bruts, et nous devons les couper, les percer afin d’avoir toutes les pièces détachées voulues. N’ayant pas d’électricité, nous multiplions les allers et retours entre l’entrepôt et les bureaux de FITAME, que nous rejoignons en 20 minutes de marche à travers des paysages magnifiques. Heureusement, la bonne humeur au sein du groupe est au rendez-vous, et nous persévérons avec une motivation inébranlable.

Nous nous rendons vite compte que les habitants sont très sympathiques. Tout le monde nous accoste : « Salut vasaha! », autrement dit « Salut étranger ! ». Nous remarquons que les gens sont moins stressés ici, malgré leurs conditions de vie souvent plus difficiles.

Nous avons fait la connaissance de Dard, un menuisier qui sera un personnage clé dans notre projet. En effet, après de multiples tentatives pour créer notre structure en bois, nous décidons de demander de l’aide et tombons sur lui. Très vite, il nous avoue aimer bricoler, et nous irons jusqu’à la fin du projet chez lui pour toute aide nécessaire, que ce soit en terme de menuiserie, de soudure ou d’assemblage.

Le 4ème jour de construction, nous arrivons chez un autre soudeur avec toutes nos pièces détachées. C’est enfin à ce moment que nous voyons notre structure montée. Nous sommes ravis du résultat. Le lendemain, nous fixons le tout dans le fût et sommes prêts pour la démonstration devant les membres de FITAME. Malheureusement, ceux-ci ne sont pas libres avant quelques jours, c’est pourquoi nous décidons d’aller rendre visite  au plus ancien apiculteur de la corporation. Après 2 heures de trajet assez mouvementées, nous arrivons dans le village de Manabi. L’apiculteur nous montre l’intérieur des ruches et nous explique toute la chaîne menant à la production de miel. C’était extrêmement enrichissant, et certains enfants sont même venus espionner ce que des Vasahas faisaient là. Nous étions tous les 5 très contents de cette rencontre.

Le lendemain est le jour le plus attendu de tous : notre démonstration ! Une demi-douzaine de représentants de FITAME sont là pour vérifier notre travail. Nous n’avions pas eu l’occasion de tester notre extracteur avec des cadres pleins, et sachant que chaque cadre pèse près de 3kg, nous espérons que la structure tienne.

Malheureusement, la partie en bois a lâché. Une fissure s’était créée et avait affaibli le reste de l’anneau en bois, qui n’a pas survécu à la vitesse (300 tours/min).

Nous sommes évidemment déçus, mais directement, nous retombons sur nos pattes, nous nous rendons bien compte que tout avait été trop facile pour nous jusqu’à présent, et que les choses risquaient de se corser. Après un brainstorming autour de bons sambos (beignets locaux), nous décidons de supprimer tout le bois et de faire l’entièreté de notre structure en métal.

Pas moins de 24 heures plus tard, notre nouvelle structure est faite et soudée. C’est certain, cette fois-ci, elle est solide ! Nous recommençons la démonstration devant deux techniciens de FITAME, et à notre plus grand bonheur, aucun souci technique n’apparaît.

Le lendemain, c’est avec une petite dizaine d’étudiants malgaches en agronomie que nous partageons notre expérience.

Toute cette expérience est bien sûr le fruit d’une année de travail mais nous ne serions jamais arrivés jusque-là sans votre aide. Nous vous remercions donc de tout cœur pour votre don, et pour nous avoir donné la chance de vivre ces trois semaines inoubliables.

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