Quatre mois en Corée du Sud

A l’ancien Palais royal de Deoksung, lors de la relève de la garde.

A l’ancien Palais royal de Deoksung, lors de la relève de la garde.

Nous sommes allés rencontrer William Coomans de Brachène (ads 2008) qui est parti étudier à Séoul, de septembre à décembre 2010, dans le cadre des échanges Erasmus.

Horizons : Bonjour William, tout d’abord peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours de Saint-Michel jusqu’à aujourd’hui ?
William : Né en 1990, j’ai fini mes études à Saint-Michel en 2008. Je suis ensuite rentré à l’Ichec. Dès la deuxième humanité au Collège, j’ai choisi l’économie (cela prépare bien à l’Ichec ; les cours de Madame Gilbart m’ont bien aidé !). Au niveau des langues, j’avais déjà un bon bagage, qui m’a permis de survivre à l’Ichec, très exigeant en langues. L’enseignement à Saint-Michel prépare donc bien aux études supérieures.

Saint-Michel me manque souvent. J’y ai passé de très bonnes secondaires, le cadre scolaire est incroyable, les bâtiments sont superbes. Ce qui m’a le plus marqué est le Théâtre des Trois Portes, qui fût une expérience inoubliable, notamment grâce à messieurs Smoes et Mercier. C’est une chance incroyable que de pouvoir jouer dans ce théâtre. Cela me manque énormément ! Nous avions joué Les Femmes Savantes, La Visite de la Vieille Dame et Le Dragon. Cela reste une expérience très enrichissante. Je suis actuellement étudiant en 3ième Bac à l’Ichec en gestion d’entreprise.

Horizons : Peux-tu nous expliquer comment tu en es arrivé à partir pour la Corée ? William : Pour mon Erasmus, j’ai eu le privilège de partir à Seoul, à la Chung-Ang University. L’Ichec offre de nombreuses destinations mais mon choix s’est porté sur la Corée. Tout d’abord, n’ayant jamais énormément voyagé auparavant, j’avais très envie d’aller en Asie. C’était une occasion en or. Je ne connaissais absolument rien de la Corée. En août 2010, je m’envolais pour un pays totalement inconnu, où je ne connaissais personne et où j’étais le seul Belge de l’Ichec. Je suis sans doute un peu parti sur un coup de tête ; partir dans l’inconnu le plus total était pour moi un challenge, mais aussi l’occasion de me retrouver seul et d’apprendre à devoir être plus indépendant.

Horizons : Comment s’est déroulé ton départ ?
William : Ce qui m’a beaucoup marqué, ce fut l’étonnement de mes proches qui apprirent mon départ vers la Corée. Je trouve que la Corée est un pays magnifique, qui ne jouit malheureusement pas d’une bonne image chez nous. Souvent, les gens pensent que c’est un pays dangereux à cause de la Corée du Nord. C’est très sécurisé, et les Coréens ne vivent pas du tout dans la peur.

Horizons : Comment s’est déroulé ton séjour sur place ?
William : Ce fût une expérience inoubliable. Je ne regrette absolument rien. Seoul est une ville magique, pleine de vie et d’animation. Il y a tant à voir et à faire ! De l’aube à très tard le soir, tout est ouvert, il y a des gens partout, cette ville bouge sans cesse, ce qui pour moi est un atout indéniable. C’est un plaisir de pouvoir se balader dans une ville qui ne dort jamais et où l’on peut faire ses courses à n’importe quelle heure. Les Coréens sont très accueillants et adorent que l’on s’intéresse à leur pays. Malheureusement, ils ne parlent pas toujours anglais mais s’ils le parlent un peu, ils sont très curieux à propos de la Belgique. J’ai pu constater que l’Europe les attirent beaucoup et la Belgique aussi. Cela m’a fort marqué. Cela m’a donné une terrible envie de faire des affaires en Corée car je pense qu’il y a là-bas un réel potentiel pour les entreprises belges !

Horizons : Comment s’est passé ta vie au quotidien ; la culture est-elle fort différente ?
William : Certes, tout est si différent de chez nous. De l’alimentation aux coutumes, je ne reconnaissais rien d’européen. La ville n’est que buildings et écrans géants, la nourriture était un condensé d’épices et de matières inconnues à mes papilles, ce qui fût très difficile, étant un rien difficile pour la nourriture. Ce fût un vrai chemin de croix de s’adapter à cette nourriture. Ils mangent beaucoup de riz et d’épices ainsi que le Kimchi. Le Kimchi est le repas de base des Coréens ; du chou bourré d’épices qui macère pendant des mois en jarre. Ils mangent cela matin, midi et soir, sans parler des pieuvres et autres poissons dont les coréens raffolent.

Du point de vue de la culture, là aussi, rien à voir avec l’Europe. Par exemple, il est très mal vu de se moucher en public, j’en ai fait les frais en me mouchant en classe ce qui a entrainé en une seconde tous les regards étonnés sur ma personne. Par contre, cracher en pleine rue est une habitude. A table par exemple, c’est toujours le plus jeune qui doit servir les autres de boissons, et le plus âgé qui propose aux plus jeunes de sortir. Les plus grands ont en quelque sorte le devoir de s’occuper des plus jeunes qui ont le devoir d’accepter les invitations de leurs ainés.

Horizons : Peux-tu nous donner un aperçu historique de la Corée ?
William : La Corée a malheureusement souvent été envahie par les Chinois et les Japonais. C’est un peuple qui a beaucoup souffert, mais qui s’est toujours relevé. Ils sont très fiers de leur histoire et je n’ai pas rencontré un Coréen qui ne soit pas fier de son pays. Je trouve cela épatant ; j’aimerais tant que l’on connaisse un tel engouement en Belgique. Malgré qu’ils aient souvent été sous domination, le « peu » d’histoire qu’ils ont, ils en sont fiers ! Notamment la période des Rois de Corée. En outre à propos de la guerre avec le Nord, j’en retiens beaucoup de tristesse. Ils ne se soucient plus trop de leur voisin, les jeunes ne se sentent pas trop concernés. Cela reste un sujet un peu tabou, nous en avons rarement parlé avec des Coréens. Depuis la guerre, tous les jeunes hommes doivent faire leur service militaire pendant deux ans. C’est un devoir dont ils se passeraient bien. Lors du bombardement de l’île de Yeonpyeong en novembre 2010, mes amis avaient peur de devoir partir au front. Ce fût assez paradoxal ; d’une part, la vie était tout à fait normale, les Coréens n’avaient pas peur (sauf mes amis qui avaient fait leur service militaire) car ils savaient que c’est un peu la provocation annuelle du Nord. Et d’autre part, dans les médias européens, c’était la panique « tension maximale »…

J’ai eu l’occasion, grâce à mon université, d’aller visiter la frontière nord-coréenne. Ce fût très impressionnant. C’est assez incroyable de se dire que depuis plus de 50 ans, ces deux pays ne communiquent pas et s’observent en permanence. On ne voyait pas grand-chose de la Corée du Nord, seulement des montagnes et on ne pouvait pas prendre de photos, car soi-disant, les Nord-Coréens pouvaient voir nos appareils photo et ouvrir le feu. Cela me paraissait un peu excessif mais cela montre bien la tension qui règne.

Horizons : La Corée est un pays très avancé dans le domaine technologique, as-tu fort ressenti cet aspect là sur place ?
William : Oui, bien sûr, et cet aspect m’a plu. Les Coréens sont bien plus avancés que chez nous. Il y a internet gratuitement presque partout dans la ville, des écrans tactiles dans les stations de métro où l’on peut consulter un plan de la ville en 3D ou encore chercher un restaurant ou un horaire de cinéma. Dans le métro, les Coréens regardent presque tous la télévision sur leur Smartphone. Cela est assez impressionnant !

De même, Samsung est omniprésent en Corée. Je ne savais pas à quel point cette entreprise était présente partout, et à quel point elle est influente. Presque tous les Coréens ont un Samsung (ou bien un LG) et presque tous veulent travailler pour Samsung. L’entreprise représente l’avenir de leur pays et ils en sont fiers. Samsung, c’est bien plus que des téléphones : par exemple, la caféteria de mon dortoir appartenait à Samsung. Samsung produit des voitures, des bateaux, a des hôtels… et la liste des exemples est très longue ! Quand j’y pense, cela ne me dérangerait pas de travailler pour Samsung. Par contre, travailler en Corée demande beaucoup de temps. Les Coréens ne quittent pas leur travail tant que le patron est là. Ce qui fait que la sortie de bureaux est souvent aux alentours de 22 heures. Mais bon, je serais prêt à tout pour retourner en à Seoul !

Horizons : Tu as sûrement du aussi profiter de ton séjour sur place pour visiter le pays…
William : En effet, j’ai aussi eu l’occasion d’un peu voyager. Je me suis rendu à Pusan, la deuxième ville du pays. Ce fût une vraie épopée ! Nous sommes partis à quatre, sans amis Coréens, rien qu’entre étudiants-erasmus, ce qui ne fut pas une bonne idée. Il était impossible de nous faire comprendre, de trouver un hôtel. Ce fût éreintant mais aussi une bonne expérience. Pusan donne sur la mer du Japon qui est très agréable ! Je suis aussi allé à Gwanju chez des amis coréens. Ce fût aussi une belle expérience de pouvoir loger chez un Coréen et de voir son lieu de vie. De là nous nous sommes rendus sur une petite île (avec un nom trop compliqué à retenir). Cette île fût magnifique, loin de la ville et de ses buildings face à la nature. Une fois que l’on quitte Seoul, on voit un pays très calme et beaucoup plus vert ! Le rythme de vie est plus calme qu’à Seoul, les gens prennent leur temps, et là le pays porte mieux son nom : « Pays du matin calme ».

Horizons : Quel autre aspect coréen a pu te marquer durant ton quadrimestre à Séoul ?
William : L’enseignement m’a aussi beaucoup marqué. Il y a une compétition acharnée entre les étudiants. Il est assez difficile de trouver un emploi en Corée, alors tous les coups sont permis pour être le meilleur ! Ce qui n’est pas vraiment coutume en Belgique. Dans l’ensemble, mes cours étaient intéressants, donnés dans un anglais compréhensible sans trop d’accent coréen. Les cours ne sont pas donnés en auditoires mais en petit comité, entre trente à cinquante personnes par classe, ce qui permet, selon moi, une meilleure assimilation de la matière.

Horizons : Peux-tu décrire ton université ?
William : La Chung-Ang University est bien située à Seoul, pas trop loin du centre, et près de la rivière Han. Le campus est très grand et assez animé. Il y a beaucoup de petits restaurants, une poste, un fleuriste, un ophtalmologue, une boutique de souvenir, une infirmerie, un terrain de baseball, une bibliothèque, un fast-food, des cafés, un petit supermarché… bref de tout ! Je logeais dans le dortoir. Je partageais ma chambre avec un Allemand. C’était une petite chambre mais suffisante. Certaines chambres n’avaient par exemple pas de porte pour la salle de bain. Le dortoir était très strict : pas de sorties après une heure du matin car ils fermaient les portes et ne les rouvraient qu’à 5 heures. De même, la nourriture de la caféteria était infecte. Heureusement, la vie sur le campus était très agréable et l’on pouvait rapidement rejoindre le centre de Seoul.

Horizons : Comment les Coréens se comportent-ils en dehors de l’étude et du travail ?
William : Les Coréens sont très fêtards. Quand ils n’étudient pas, ils boivent beaucoup. Notamment du soju, un alcool de riz qui coûte moins d’1 euro. Les soirées étaient donc bien arrosées, mais c’est aussi un réel problème en Corée. Il y a beaucoup d’alcoolisme. Les ivrognes sont présents partout à Seoul. On ne se fera presque jamais agresser à Seoul mais rencontrer des soulards, c’est monnaie courante.

Horizons : Quel regard portes-tu sur ton Erasmus en étant rentré ?
William : Si c’était à refaire, je partirais demain sans hésiter une seconde ! D’ailleurs, si quelqu’un cherche un stagiaire pour Seoul je suis votre homme. Malheureusement, quatre mois, c’est aussi beaucoup trop court. Le retour fût bien sûr difficile. La Belgique ne m’a pas trop manqué. Cependant, je fus ravi de revoir mes proches bien entendu et surtout de pouvoir manger européen. Mon Dieu, que cela m’avait manqué ! Horizons : Au nom des Anciens, reçois nos remerciements pour le temps que tu as consacré à répondre à nos questions et prends soin de toi. Nous aurons la joie de te voir le 16 septembre lors de notre grande réunion.

La Cheonggyecheon river : petite rivière artificielle en plein centre de Seoul. Les Coréens y viennent en famille pour passer du bon temps, les pieds dans l’eau ! C’est très agréable, j’y allais souvent le dimanche avec mes amis.

La Cheonggyecheon river : petite rivière artificielle en plein centre de Seoul. Les Coréens y viennent en famille pour passer du bon temps, les pieds dans l’eau ! C’est très agréable, j’y allais souvent le dimanche avec mes amis.

Cotisations

Notre mailing d’appel à cotisations 2024 te parviendra à la mi-mars. Nous te remercions par avance d’y répondre favorablement, même si la cotisation n’est pas obligatoire. Elle est en effet importante car elle traduit la solidarité que tu manifestes envers l’association ainsi que le soutien à nos projets et ton attachement à notre Collège…  Clique ici.