Rencontre avec Quentin DEMEY (Ads 2006)

Président du Football Club St-Michel

Horizons :  Vous êtes le président du Football Club Saint-Michel qui a fêté ses 50 ans d’existence, à la fin de l’année 2022. Comment est né ce club et quelles en sont ses caractéristiques ?

Quentin Demey (QD) : C’est en 1971 que germa au collège l’idée de créer un club de football. Monsieur Yves Pierre, alors professeur d’éducation physique au collège décida, avec des élèves et des anciens – une trentaine de personnes – de jeter les bases du Football Club St-Michel. Entraînements et matchs amicaux furent organisés sur le terrain du Collège en attendant septembre 1972 pour l’inscription officielle à l’Union Royale Belge des Sociétés de Football-Association (URBSFA) et les débuts dans le championnat de la province de Brabant. Aujourd’hui, notre club compte environ 800 membres en tout : 700 joueurs et joueuses, une soixantaine de coaches et bénévoles ainsi que des arbitres et un conseil d’administration dont je suis président. En fonction de leur âge, les joueurs et joueuses sont répartis par catégories : de U6 (pour « under 6 » à U19 « under 19 »). 

Nous avons 37 équipes jouant en championnat dont quatre équipes adultes : 2 équipes masculines ainsi que 2 équipes féminines. Une différence majeure avec d’autres clubs de niveau comparable est que tous les joueurs et joueuses adultes jouent gratuitement, pour le plaisir et dans un esprit de camaraderie, de respect et d’égalité des genres.

Depuis une dizaine d’années, un groupe d’amies s’est affilié à notre club et, sans le savoir, ce groupe a jeté les bases d’une section féminine structurée qui compte actuellement 130 jeunes filles et femmes, très bien intégrées au club au sein d’une structure organisée.

Seuls les coaches et quelques autres personnes sont défrayées, c’est-à-dire qu’elles perçoivent une indemnité limitée par le statut de bénévole. La grande majorité des personnes impliquée au club ne perçoit aucun défraiement.

 Horizons : Sur quels terrains évoluent vos équipes ?

QD : Ce n’est évidemment plus au collège sur le terrain que tous les élèves de St-Michel connaissent ! Car ce terrain, d’une part, n’est pas aux normes footballistiques pour les équipes adultes et, d’autre part, il ressemble plutôt à un bac à sable avec quelques brins d’herbe ci et là.  

Il existe actuellement le projet de faire un nouveau terrain de foot à St-Michel mais cela prendra encore un temps certain. Actuellement les 2/3 de nos activités se déroulent sur le terrain de la Rue Kelle à Woluwe St-Pierre, c’est un site dont nous sommes les gestionnaires et le tiers restant de nos activités se fait sur le terrain de Sportcity (Avenue Salomé) que nous partageons avec d’autres clubs sportifs.

Horizons : Vous venez de dire qu’existe aujourd’hui un projet d’un nouveau terrain de foot au collège : quel est-il ?

QD : On en parle depuis 20 ans ! Mais aujourd’hui un projet plus concret se dessine malgré la complexité pour le réaliser. Le terrain actuel appartient au collège et donc à la Compagnie de Jésus. Le dossier avance enfin car notre interlocuteur jésuite (le Père Franck Delorme), économe de la Province d’Europe occidentale francophone, est un soutien précieux. C’est un homme ouvert et décidé à collaborer pour le bien du Collège et de ses élèves, car nous ne serions que le deuxième « public cible » pour ce terrain.

Première complexité : comme le terrain actuel n’est pas aux normes footballistiques pour des équipes adultes – il faut qu’il fasse au minimum 100m sur 55m, sans compter les 3 mètres de zone neutre qui bornent chaque côté du terrain. Il lui manque environ un mètre en largeur et doit donc empiéter d’une centaine de centimètres sur le parc attenant, ce qui nécessite de nombreuses autorisations au niveau régional.

Deuxième complexité : l’option est d’investir dans un terrain synthétique (utilisable par – presque – tous les temps) mais il faudra l’entourer d’un grillage pour protéger le tapis et pour marquer la séparation d’avec le parc alentour.

Troisième complexité : une infrastructure minimale (tribune, vestiaires, etc.) est indispensable et comme nous ne pouvons pas nous étendre ni vers la rue du Collège St-Michel, ni vers l’autre côté, la seule solution est de construire cette infrastructure à la place du terrain pentu qui borde l’actuel terrain, côté cour des Primaires et de la Communauté jésuite. C’est un terrain constructible et donc adéquat pour cette infrastructure même si la tribune sera située derrière un goal.

Dernière complexité et non des moindres : obtenir les autorisations communales et régionales et établir le financement d’un tel projet.

Horizons : Et vous croyez ce projet réalisable ?

QD :  Je suis optimiste. Ma tâche est de participer à la conception d’un projet réaliste répondant aux besoins d’un club de football moderne tout comme aux besoins des professeurs de sport du collège. J’essaie de dynamiser ce long processus comme je le peux en me rappelant que je ne représente que le locataire et non pas le propriétaire.

Et pour prendre une comparaison à la circulation routière : pas de feux rouges à l’horizon, mais des feux verts et quelques-uns orange !… J’espère voir le nouveau terrain construit pour 2026.

Horizons : Quelles sont vos autres préoccupations en tant que président ?

QD : Je dois veiller à garder l’ADN du Football Club St-Michel tout en modernisant le club dans sa gestion. Le conseil d’administration veille à ce que Saint-Michel reste un club au sein duquel les joueurs et les joueuses pratiquent leur sport dans un cadre formatif de qualité et dans un esprit de camaraderie et de respect. L’important n’est pas de faire des résultats. On gagne ou on perd entre copains ou copines. C’est l’identité du club.

Nos joueurs adultes jouent pour le plaisir alors que nos adversaires perçoivent très souvent des primes de match ou des montants mensuels fixes. Notre but n’est pas de créer les stars de demain – il y en a eu, cependant, comme Thomas Chatelle ou Landry Dimata – mais de former des jeunes dans un environnement stable et de qualité et avec des valeurs.  

En tant que président, je me dois d’utiliser à bon escient les compétences et les connaissances de ceux et celles qui sont les cadres du club. D’une part, la soixantaine de membres du staff sportif investis dans la formation des jeunes et, d’autre part, les personnes attachées à la gestion du club : une gestion qui doit obéir aux critères administratifs, juridiques et comptables d’une ASBL de club sportif.  Pour le budget du club – environ 300.000€ par an – nos seules rentrées proviennent des cotisations des membres, des subsides et du sponsoring. Notre orthodoxie financière a permis de maintenir le montant de la cotisation à un niveau stable depuis 6 ans et ce, malgré l’inflation et les hausses tarifaires aujourd’hui.

De même, comme président, je veille à développer de bonnes relations avec les clubs environnants, avec nos partenaires et surtout avec les autorités communales car ce sont des maillons importants de notre écosystème sportif local.

Horizons : Vous avez parlé au début que le Football Club St-Michel comptait environ 700 joueurs et joueuses. Quelles sont leurs provenances ?

QD : Ce sont surtout des jeunes qui viennent des communes environnantes : Woluwe St-Pierre et St-Lambert, Kraainem et Etterbeek. Environ 20% proviennent de familles dont un des parents travaille à l’Europe ou à l’OTAN.

Horizons : Auriez-vous d’autres éléments particuliers à souligner dans la description du Football Club St-Michel ?

QD : Le premier élément qui me vient à l’esprit est l’existence depuis quelques années de la « Girls Football Academy St-Michel » qui confirme que l’essentiel de notre club est le jeu et la formation pour tout public. Cette « académie » est ouverte à des filles de 5 à 10 ans, désireuses de s’initier au football tout en s’amusant. Cette initiation a lieu une fois par semaine.

Le second élément est l’adjectif « royal » que peut dorénavant porter notre club. Notre dénomination est maintenant : « Royal Football Club St-Michel ». Pourquoi ? Parce que le titre de “royal” peut être accordé par le Roi à des associations belges ayant 50 ans d’existence ininterrompue. – ce qui est notre cas – et qui répondent à d’autres critères tels que : la bonne gestion, le but non mercantile poursuivi par le club, son impact sociétal, sa vitalité et sa solidité.  

Horizons : Félicitations de l’AESM alors au Royal Football Club St-Michel !… Et pour conclure cette interview, dites-nous quelques mots sur votre profession à côté de votre présidence du Club de foot St-Michel ?

QD : Avant de raconter ce que je fais professionnellement, je tiens à préciser que je suis un ancien de St-Michel (Ads 2006) et que j’ai été joueur au Football club St-Michel depuis mes 11ans, je fête donc mes 25 bougies au club !

Après ma rhéto, je suis rentré à l’Ecole royale militaire. Je suis aujourd’hui, officier à la Défense au sein de laquelle j’occupe une fonction de coordinateur médical. C’est-à-dire que je coordonne l’aide médicale des opérations militaires ou humanitaires menées par la Défense. Ainsi, pour chacune de ces missions, je dois prévoir toutes les formes d’aide médicale possibles pour nos militaires et ce, dans des endroits assez reculés ou peu équipés au niveau sanitaire. Je dois penser à toutes les structures de soin locales, aux routes d’évacuation d’urgence terrestres et aériennes, à l’accès aux médicaments et anti-venins, à la collaboration médicale avec d’autres pays occidentaux sur place, etc.  En février, par exemple, la Défense est partie en Turquie pour participer au déploiement d’un hôpital de campagne afin de secourir les victimes du tremblement de terre. Prévoir et assurer une bonne coordination médicale, c’est mon métier et il a du sens.

Horizons : Grand merci, Quentin, pour cette interview.