Le Mariage de Figaro
La nouvelle production du Théâtre des Trois Portes s’est jouée ces 8, 9 et 10 février 2012 au Théâtre SaintMichel. La troupe des élèves du Collège a présenté « Le Mariage de Figaro » de Beaumarchais dans une mise en scène tricéphale : Etienne Smoes, Frédéric Mercier et Marie Meurs. Cela a été l’occasion de se retrouver nombreux entre Anciens pour soutenir ces jeunes talents et pour assister à l’hommage rendu à Etienne Smoes, le vendredi soir à l’occasion de son dernier projet. Quelques jours plus tôt, Horizons avait assisté à une des dernières répétitions.
« Ô perfidie ! Tu n’épouseras pas Figaro ». A peine franchie la porte de la traditionnelle Salle Verte, le ton est donné. Au programme de ce vendredi de janvier : une enchaînée de toutes les scènes de l’acte I et de l’acte II. Les élèves-comédiens se concentrent ; certains révisent leur texte, d’autres bavardent dehors en attendant « leur tour », d’autres enfin lisent ou envoient des SMS. « Chacun se souvient combien de fois il doit dire « Monseigneur » ? » « Oui », répondent les comédiens au metteur en scène. Cette pépinière de talents semble savoir ce que l’on attend d’elle !
Il faut dire que les Trois Portes n’en sont pas à leur coup d’essai. Ce projet marque la 28ème saison du Théâtre des élèves, ayant plus de 45 pièces différentes au répertoire et plus de 900 comédiens qui ont foulé les planches. Au-delà d’une extraordinaire aventure humaine, comme l’est bon nombre des activités proposées par le Collège, l’activité théâtrale procure plaisir aux acteurs, aux metteurs en scène, aux mains de l’ombre, au public … et à la critique. La troupe a une réputation à tenir, s’étant déjà de nombreuses fois distinguée lors des tournois théâtraux de la Commission Communautaire française ou de la Fédération Nationale des Compagnies Dramatiques. Elle reçut encore l’année dernière le Prix spécial du Jury de la C.O.C.O.F. pour « l’audace et la réussite théâtrale de l’adaptation moderne de l’œuvre » Occupe-toi d’Amélie de Feydeau et pour « la maturité du jeu en dépit du jeune âge des comédiens ». Le travail finit toujours par être récompensé.
Retour dans la salle. Les répliques s’enchaînent, les scènes « roulent » et tout le monde est concentré. « C’est un groupe très travailleur ! Ce n’est pas évident pourtant car la pièce se joue plus tôt que d’habitude et il y a cinq actes à gérer. C’est beaucoup de travail », nous explique Frédéric Mercier. « Ce texte classique se veut une satire de la société. Le parti pris de la mise en scène, c’est de mettre en avant le côté féministe et le triomphe des femmes. Et ce côté amène à souligner des personnages comme la Comtesse qui ne sont pas les personnages comiques de la pièce. Si les situations ou certaines répliques sont comiques, nous n’avons pas voulu que les personnages soient trop bouffons. Ce n’est pas une pièce qui doit être hilarante du début à la fin ». Les Trois Portes restant un parascolaire qui se doit d’être accessible au plus grand nombre, le répertoire contient des pièces avec de grandes distributions. Cette année encore, 13 comédiens partagent l’affiche avec des figurants de l’Atelier Cabaret du parascolaire. Il y a du monde partout.
Jérémie Peti qui endosse l’habit d’Antonio a sa petite explication sur le succès rencontré par l’activité du côté des candidats acteurs. « On n’a pas souvent l’occasion de participer à un truc aussi énorme, de jouer devant tant de monde ! » Et François Renaud (Bartholo) de rajouter : « c’est vrai que ce sont de gros projets qui sont bien menés de façon sérieuse et organisée. Les cours de théâtre peuvent nous apprendre à jouer mais ici au moins le projet est réussi en fin d’année ! » Passé le cap des auditions qui voient les rhétoriciens angoissés à l’idée de ne pas décrocher un rôle et les nouveaux terrorisés par tant d’anciens, la concurrence amicale (sic) fait place à l’admiration devant les talents de chacun. « Quand une personne est choisie, on se rend vite compte qu’elle fera cela très bien ».
La répétition touche à sa fin. Il reste quelques minutes pour faire les dernières remarques mais « le gros débriefing se fera la semaine prochaine ». Certains passages sont encore à peaufiner, certaines intentions à préciser mais le résultat à ce stade est déjà épatant. Pour Jean-Baptiste Ghins qui joue Bazile : « c’est plus facile de faire une comédie, on se cache derrière le texte et on fait rire ! Ici cela fait peut-être moins rire le public mais pour nous c’est super intéressant ! » Le répertoire comique est, il est vrai, bien présent aux Trois Portes et avec les nombreux prix gagnés dans ce domaine, certains aiment à surnommer le duo Etienne Smoes-Frédéric Mercier : « les frères Dardenne du vaudeville ! » Pourtant, force est de constater que tous les genres sont abordés et souvent, avec le même talent.
Quelques jours plus tard, il ne nous restait plus qu’à admirer le travail fini lors des représentations des 8, 9 et 10 février. Nous adressons nos sincères félicitations aux trois metteurs en scène, ainsi qu’à toute la troupe : Sayri Arteaga Michaux, Marie Basso, Louis Blondel, Gabriel Closset, Benoît Contzen, Laure De Man, Grégoire Fischer, Floriane Geels, JeanBaptiste Ghins, Laetitia Grassot, Cassandre Guéry, Melissa Meddour, Manon Patigny, Jérémie Peti, Antoine Poucet, Juste Rema, François Renaud, Alison Roger France, Paul Schrooyen, Alain Trésor, Clément Trouveroy, Audrey Vanhee, Florence Van Vaerenbergh et Laura Vettas.
Cette année marque le départ d’Etienne Smoes, qui a assuré la mise en scène seul ou en duo/trio depuis les débuts de l’aventure. « Place aux jeunes » nous a-t-il confié. Un hommage lui a été rendu le vendredi soir. Que tous les Anciens théâtreux aux finales de phrases peu audibles se rappellent tous les bons moments passés grâce à lui. Qu’il en soit ici encore vivement remercié. Il a formé une jeunesse entière au théâtre avec bon cœur et persévérance. Sans lui, rien ne serait arrivé.