Rencontre avec Thibaud Lemercier

81_29Thibaud Lemercier (ads 2003) n’arrête pas. A peine sorti de Saint-Michel qu’il s’investit sans compter dans la vie universitaire et associative avant de s’envoler pour l’Inde puis l’Angleterre avec deux seuls mots en tête : développement et environnement. De retour en Belgique cette année, il a accepté de nous parler d’un projet qui lui tient particulièrement à cœur : l’association Camp de Partage. Rencontre avec un homme très engagé !

Horizons : Quel a été ton parcours depuis ta sortie du Collège?

Thibaud Lemercier : Ne sachant pas exactement vers quoi me diriger après Saint-Michel, j’ai choisi des études assez larges : ingénieur de gestion à l’UCL. Je suis directement parti à Louvain-la-Neuve car j’avais envie de sortir un peu de Bruxelles et de voir d’autres gens. J’y ai passé cinq excellentes années qui furent surtout marquées par la vie extra-académique ! Je me suis engagé dans l’assemblée générale des étudiants, l’AGL, dont j’ai été le représentant pendant un an. J’ai également siégé au conseil académique durant une année. Mais surtout, dès la deuxième année, j’ai koté dans des kots-à-projet : le Dévelop’Kot qui s’occupe de la sensibilisation au développement Nord-Sud et le Kot et Danse. Cela m’a permis de rencontrer énormément de gens très engagés et de faire un tas de découvertes et de nouvelles expériences.

Horizons : On peut dire que ce sont les kots-à-projet qui t’ont donné envie de te lancer dans la vie associative ?

Thibaud Lemercier : Oui, cela a sans doute été le départ de mon engagement. J’ai découvert beaucoup de nouvelles thématiques qui m’ont en réalité plus passionnées que mes études (rire) ! C’est par là que j’ai pu également m’investir dans l’association L’Autre Pack dont j’ai été le président pendant deux ans. Son but est de promouvoir le développement durable et la consommation responsable. L’Autre Pack est né il y a 15 ans en réaction au « Welcome Pack » distribué en début d’année sur les campus universitaires et qui fait la promotion de produits commerciaux. Face à cela, les étudiants ont voulu développer une alternative et montrer une autre façon de consommer. Le développement durable est donc réellement au centre de mes préoccupations.

Horizons : Mais, pour en revenir à ton parcours…

Thibaud Lemercier : Mais ça, c’est mon parcours (rire) ! Vers la fin de mes études, j’ai finalement réussi à trouver ma voie avec la finance alternative. J’ai fait mon mémoire sur la relation entre finance et développement durable : comment investir de façon plus responsable ? Ensuite, j’ai voulu approfondir ce sujet et je suis alors parti un an avec ma copine en Inde. J’ai travaillé dans une petite société de consultance anglaise, le UK India Business Council, qui faisait du business development et pour laquelle j’étais responsable de lancer un projet de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Le but était d’abord de réaliser un guide de la RSE appliquée à l’Inde pour répondre aux challenges que rencontraient les entreprises étrangères dans ce domaine. Par la suite, j’ai développé un réseau avec des partenaires privilégiés pour les entreprises et ONG qui voulaient aller plus loin. Ce travail m’a permis de faire de très belles rencontres avec les acteurs du terrain. Une fois terminé, j’ai décidé de refaire des études dans ce milieu. J’ai suivi un master d’un an en technologie de l’environnement avec une option en business et environnement à l’Imperial College à Londres. De retour en Belgique, je travaille maintenant en consultance financière chez PwC où j’ai décidé d’approfondir mon expérience en finance d’entreprise tout en essayant de m’impliquer dans des projets en relation avec l’énergie et l’environnement.

Horizons : A côté de cela, tu t’es investi dans l’asbl Camp de Partage. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Thibaud Lemercier : Je suis entré dans cette aventure un peu par hasard : lors d’une de mes années d’étude, je suis allé au camp car j’avais du temps pendant les vacances avant une petite seconde session et, depuis, je n’ai plus quitté le projet tellement j’ai adoré l’ambiance ! L’objectif principal de l’asbl est de créer des liens avec des enfants qui traversent une période difficile à travers un grand camp de quinze jours organisé chaque mois d’août sur une grande praire. La majorité des jeunes qui viennent au camp ont été placés en institution par le Juge de la jeunesse en raison de problèmes familiaux. Ils manquent donc de repères et notre but est de leur offrir une main tendue et une grosse bouffée d’air. C’est important qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur nous à travers les années.

Horizons : Concrètement, comment cela se passe alors ce grand Camp?

Thibaud Lemercier : Nous sommes plus d’une centaine lors du camp et le tout est très intergénérationnel. Il y a tout d’abord environ 80 enfants de 6 à 18 ans qui sont répartis par catégorie d’âge en 6 sous-camps. Nous sommes ensuite une trentaine d’animateurs et enfin une vingtaine d’adultes qui viennent en tant que « parents-cuisine ». La famille est au centre de l’asbl avec, sur la prairie, des personnes de 6 à 80 ans ! Les enfants sont en général proposés par un juge, une institution ou un assistant social qui connaît bien notre organisation. Ils arrivent d’habitude pour la première fois quand ils ont entre 6 et 12 ans, puis ils reviennent chaque année. Au final, il y a donc beaucoup de jeunes qui ont fait plus de camps que les animateurs ! Et c’est exactement le but : ils sont attachés au camp et ont tissé énormément de liens stables. C’est ça qui est vraiment génial, quand tu entends les enfants déjà occupés à imaginer le camp de l’année suivante !

Horizons : Pourrais-tu nous décrire une journée-type ?

Thibaud Lemercier : Pendant le camp, tout le monde est en vacances, enfants comme animateurs. Chaque sous-camp a un endroit différent sur la prairie et les animateurs de chacun d’entre eux essaient toujours de créer une ambiance cosy autour du thème du camp. On se lève donc « tranquilou » avec un peu de musique pendant que les parents-cuisine préparent un bon petit déjeuner. Le matin, plusieurs activités sont organisées afin que les enfants puissent choisir en fonction de leurs goûts. Le but n’est jamais de les forcer à participer à quelque chose. A midi, certains aident à faire la cuisine pendant que d’autres jouent au foot. Et l’aprèsmidi il y a par exemple un grand jeu en commun avec tous les sous-camps où tout le monde est déguisé et qui se termine par la fameuse danse du camp ! De retour à son sous-camp pour le souper, on finit généralement la journée par une veillée ou un film.

Horizons : C’est un peu comme le scoutisme en fait ?

Thibaud Lemercier : Pas vraiment. Le moyen est le même, mais l’objectif est différent. Comme chez les scouts, il y a des valeurs qui tout le monde doit partager, mais c’est beaucoup plus «cool». On ne va jamais obliger les enfants à courir pendant deux heures dans les bois sous la pluie. L’accent dans le scoutisme est également mis très clairement sur la vie de groupe tandis qu’au Camp de Partage la logique est inverse. On va toujours privilégier le contact individuel avec les enfants car, dans leur institution, ils sont déjà en groupe toute l’année.

Horizons : A part le grand camp à proprement parler, vous organisez d’autres activités durant l’année ?

Thibaud Lemercier : Oui nous organisons aussi des petits camps pendant l’année et des activités par souscamp comme des week-ends à la mer, des journées patinoires, des matchs de foot… Le Camp de Partage a même éveillé des vocations d’accueil chez certains parents-cuisine qui prennent en charge des enfants d’institutions pendant les week-ends ou les vacances. C’est donc un grand réseau qui crée énormément de liens forts car c’est dans la difficulté qu’on crée les plus belles histoires.

Horizons : Et quel est ton rôle en particulier dans ce grand réseau ?

Thibaud Lemercier : J’ai été animateur pendant 5-6 ans, puis j’ai repris le rôle logistique. Je suis donc responsable de toute la logistique d’installation et démontage du camp depuis 3 ans maintenant. En plus, cela fait la deuxième année que je suis dans le conseil d’administration de l’asbl que nous appelons le « G10 ». À côté de la partie logistique, je m’occupe là de la communication avec nos membres et avec l’extérieur.

Horizons : A notre échelle, comment pouvons-nous soutenir ce projet ?

Thibaud Lemercier : Avant tout, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux animateurs, parents-cuisines et autres aides sur la prairie. Nous organisons d’ailleurs chaque année une « journée des externes » pendant le camp pour que ceux qui désirent découvrir un peu plus l’asbl puissent voir comment cela se passe. Et d’habitude, une fois que les gens ont gouté à l’ambiance de la prairie, ils ne lâchent plus le projet ! Autrement, vous pouvez nous aider financièrement en faisant des dons d’argents via notre site www.campdepartage.be. Et aussi pendant l’année, les animateurs montent plusieurs activités de manière bénévole pour récolter des fonds. Par exemple, le samedi 3 mars prochain, nous organisons un grand quizz par équipe à Woluwé-SaintPierre où tout le monde est le bienvenu !

Horizons : Pour en revenir là où nous avons commencé cette interview, quel meilleur souvenir gardes-tu de tes années au Collège?

Thibaud Lemercier : Je retiens très clairement l’ambiance en rhéto. A travers de chouettes projets comme le voyage ou la journée des rhétos, notre année avait vraiment créé un groupe très soudé. Il y avait beaucoup d’élèves qui commençaient à s’intéresser à pas mal de choses et qui se sont investis par après. On était vraiment une grande bande d’amis avec une ambiance très ouverte !

Camp de Partage : www.campdepartage.be – Avenue de l’Aéroplane 31 – 1150 Bruxelles

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