Interview d’Isabelle Gerzat (Ads 2007) et Bertrand Margraff (Ads 2008).
Nous avons rencontré Isabelle Gerzat et Bertrand Margraff. Ensemble avec une troisième associée, ils ont récemment lancé « Adapt Law » un cabinet d’avocats spécialisé en droit du travail, en droit commercial et des sociétés et en droit de la famille. Un défi pour ces jeunes parents-entrepreneurs, mais qui sont convaincus de leur choix !
Horizons :Isabelle et Bertrand, pourriez-vous nous donner deux ou trois informations sur vous ?
Isabelle : Voilà près de 10 ans que je suis une avocate passionnée, hyper investie. Tant sur le plan professionnel que privé d’ailleurs. Après une journée de travail bien remplie, je fonce enjouée à la maison retrouver mon fils James et mon compagnon Cédric, pour passer du « quality time » en famille. J’aime aussi le voyage, la découverte d’autres cultures, la bonne cuisine et surtout trinquer avec les copines !
Bertrand : J’exerce également le métier d’avocat depuis une dizaine d’années, et j’adore ça. Je suis également papa poule d’une petite Romie et bientôt d’un petit garçon. Amateur de photo et de bons bouquins, sportif à mes heures, je suis aussi un bon vivant souvent partant pour un verre entre amis.
Horizons :Vous êtes tous les deux avocats, quel a été le déclencheur pour cette matière ?
Bertrand : Mes premiers liens avec le droit remontent au Collège. J’avais en effet choisi une option plutôt axée latin-langues. Le choix pour le droit s’est fait dans un premier temps par affinité avec les matières que proposait le cursus. Ensuite, les années d’université ont progressivement confirmé mon choix, surtout quand j’ai pu orienter mon parcours vers des matières telles que le droit de l’entreprise et le droit européen.
Isabelle : Au Collège, presque toutes les matières me parlaient, même si j’avais déjà une fibre littéraire. Pour le choix des études, j’ai longuement hésité entre droit et sciences-po, mes origines françaises doivent y être pour quelque chose… Et en fait, pourquoi pas faire les deux ? Comme l’université facilitait les doubles parcours, c’est ce que j’ai fait. L’objectif était de garder les portes ouvertes le plus longtemps possible vers la diplomatie. Finalement, ma passion pour le droit l’a emporté à la sortie des études.
Bertrand : Aujourd’hui, c’est devenu une passion de pratiquer le droit au quotidien, et tant mieux, parce que le métier d’avocat est un métier qui demande de s’investir à fond. Mais on oublie vite les heures passées quand on reçoit un franc merci du client que l’on a assisté.
Horizons :Vous avez tous les deux développé une fibre littéraire en passant par le Collège, est-ce que se lancer dans l’entreprenariat avec quelqu’un qui a suivi le même parcours éducatif facilite les choses ?
Isabelle : C’est vrai que le fait de se connaître depuis longtemps, cela donne une confiance naturelle et apporte une dimension supplémentaire.
Bertrand : En fait, nous n’avions qu’une année d’écart au Collège et donc beaucoup d’amis en commun à la sortie. Les liens se sont encore resserrés après, parce que nous nous étions dans le même staff scout, et puis à un moment de nos parcours, dans le même cabinet d’avocats. C’est là que nous nous sommes trouvé des points communs au niveau professionnel au point de se lancer quelques années plus tard, avec notre troisième associée Noémie, dans la création de notre propre structure.
Isabelle : D’une certaine manière, notre passage au Collège a rendu l’aventure possible.
Horizons : Comment se décide-t-on à lancer son cabinet d’avocats ?
Isabelle : Cela commence par l’envie de développer une clientèle personnelle en plus des dossiers sur lesquels notre cabinet nous fait travailler. Ce sont ces clients personnels qui nous ont fait réaliser qu’à un moment donné nous étions aptes à gérer le dossier d’un client seul de A à Z. Dans mes dossiers personnels en droit du travail, il m’arrivait d’avoir des aspects relevant davantage du droit des sociétés, matière que pratiquait Bertrand. C’est donc naturellement que nous avons commencé à collaborer ensemble. Après plusieurs années, est née l’idée d’unir nos forces et de se consacrer pleinement à nos clients.
Bertrand : Entre l’idée et le lancement concret du cabinet, cela a pris un an. C’était le temps nécessaire pour se réunir régulièrement, « brainstormer » sur le cabinet que nous avions envie de former et faire finalement le grand saut. De mon côté, je travaille beaucoup avec des entrepreneurs, et à force de les assister, cela donne l’envie de se lancer soi-même !
Isabelle : Aussi, le fait d’être tous les trois devenus parents nous a donné envie de gagner en flexibilité. Notre nouveau cabinet nous offre cette possibilité. Nous pouvons exercer à notre manière le métier qui nous passionne.
Horizons : S’associer, c’est facile ?
Isabelle : Nous partageons beaucoup de valeurs communes, probablement liées à nos parcours comparables et à une même vision du métier. L’association s’est donc faite naturellement, sans obstacle majeur.
Bertrand : En tous cas, cela n’a pas été difficile. Certainement, parce que nous avons fait les bons choix d’associés. Nous avons aussi pris le temps d’approfondir tous les sujets pour que chacun s’y retrouve. De définir les rôles de chacun dans le fonctionnement de la structure. Chaque réunion confirmait que nous avions toutes les raisons de nous associer.
Horizons :Est-ce que l’entreprenariat, c’est inné ?
Isabelle : Je ne sais pas si c’était inné. Mais je crois que ma personnalité s’y prête. J’ai besoin de projets. J’aime prendre le « lead ». J’aime parler en public. Finalement, je pense aujourd’hui que c’était une évidence qui a mis un peu de temps à fleurir.
Bertrand : Pour moi également, c’est quelque chose qui s’est mis progressivement en place au fur et à mesure des dossiers. Quant au lancement, il y a une dose de risque, mais c’est aussi ce qui rend cette période excitante ! Et ça continue de l’être, quel bonheur et quelle satisfaction d’être pleinement aux commandes !
Horizons : Comment gère-t-on sa vie de jeune parent avec le lancement d’un cabinet d’avocats ?
Bertrand : Là, je dois reconnaitre que la flexibilité de Sophie, ma femme, a rendu le projet possible. Au départ, il était difficile de gérer en même temps : le travail au sein de mon précédent cabinet, la création du nouveau cabinet et le développement de ma clientèle personnelle. Cela s’est aussi traduit par quelques concessions passagères au niveau des activités sportives et entre amis, afin d’être présent au maximum pour ma famille et les besoins du lancement. Aujourd’hui, c’est progressivement un retour à la normale même si tous les jours ne se ressemblent pas.
Isabelle : Je rejoins Bertrand sur le point de la flexibilité de nos conjoints à tous les trois. Ils sont incroyables ! Maintenant, je travaille moins qu’avant, ou en tout cas différemment. Je gère mon propre planning en fonction des besoins des dossiers et de ma vie privée.
Horizons : Si vous pouviez prendre une capsule temporelle pour retourner à l’époque où vous étiez en rhéto au Collège, que vous diriez-vous à vous-même ?
Bertrand : « Reste ouvert, fais des rencontres qui t’enrichissent et donne-toi à fond dans ce qui te plaît pour te donner toutes les chances ». Isabelle : « Aie confiance, et travaille. Ensuite, si tu souhaites changer de plan en cours de route, c’est OK. La vie n’est pas tracée d’avance. Les possibilités sont infinies ! ».