Rencontre avec l’un des fondateurs de l’Atelier 210

77_6_1Né il y a sept ans sous l’initiative de deux jeunes passionnés de théâtre et de musique, l’Atelier 210 est aujourd’hui un lieu incontournable de la scène culturelle belge. L’histoire du “210” commence quelque part un peu à Saint-Michel puisque Benoît Roland, l’un de ses fondateurs, en a arpenté les couloirs pendant plusieurs années et y a fait ses premiers pas sur les planches. Horizons a rencontré Benoît Roland pour nous parler de son impressionnant parcours.

Horizons : L’histoire de l’Atelier 210 est assez fascinante. Au départ, vous étiez “simplement” un passionné de théâtre et aujourd’hui, l’Atelier 210 est un haut lieu de la vie culturelle bruxelloise. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui ?

Benoît Roland : Au départ, ma passion pour le théâtre est née lorsque j’ai eu l’occasion de participer au “théâtre des trois portes” qui organise la pièce annuelle du collège Saint-Michel. Par la suite, cette passion ne m’a plus quittée. En effet, au cours de mes études à l’IAG (Louvain-la-Neuve), j’ai mis en scène une autre pièce du théâtre des trois portes. Au cours de cette période, j’ai également continué à jouer moi-même au théâtre, dans le cadre d’une troupe amateur. C’est à ce moment-là que, cherchant une salle de représentation, je suis tombé sur l’Atelier 210, salle appartenant à l’Institut Saint-Boniface à Etterbeek. C’est dans cette salle que se déroulent toujours actuellement les activités du “210”. Au cours de mes études, j’ai également rencontré Xavier Daive, avec lequel j’ai fondé l’Atelier 210. A l’époque, Xavier, passionné de musique, s’occupait des fêtes de la musique organisées à Louvain-la-Neuve. A la fin de mes études, j’ai réalisé mon mémoire de fin d’année sur la création d’une salle de spectacles en tous genres. C’est sur cette base qu’au sortir de Louvain-la-Neuve, Xavier et moi avons frappé à la porte d’investisseurs potentiels, dans l’idée de créer l’Atelier 210. L’équipe de l’Atelier 210 s’est ensuite formée essentiellement avec les personnes faisant partie de la troupe amateur à laquelle je participais. Il faut savoir ici, à titre d’anecdote, que 80% de l’équipe du “210” est composée d’anciens de Saint-Michel.

Horizons : Un théâtre n’est pas seulement un lieu de culture. C’est également une entreprise humaine et économique, qu’il faut faire tourner. Comment s’organise l’Atelier 210 ?

Benoît Roland : Aujourd’hui, l’équipe de l’Atelier 210 est composé d’une petite quinzaine de personnes. Comme dans toute entreprise, chacun a sa place et son rôle à tenir. Nous avons des responsables de la programmation, bien entendu, mais également une responsable des relations de presse ou encore des responsables financiers.

Horizons : La création d’une entreprise telle que l’Atelier 210 est jalonnée par différentes étapes. Quelles ont été, pour vous, les étapes cruciales, importantes pour en arriver aujourd’hui où vous êtes ?

Benoît Roland : La fin d’une saison est toujours importante. En particulier la première et la deuxième saisons ont constitué des étapes importantes dans l’histoire de l’Atelier 210. En effet, après chacune de ces saisons, il a fallu se repositionner, mais également se remotiver pour entamer une nouvelle saison. Comme toute entreprise, il nous a fallu “faire nos preuves” et trouver notre place dans le paysage culturel belge. C’est pour cette raison que les premières années furent cruciales. Aujourd’hui nous arrivons à un moment où le “210” est reconnu et a trouvé sa place.

Horizons : L’Atelier 210 s’est toujours profilé essentiellement comme un théâtre “jeune”. Est-ce une volonté de votre part d’imprimer ce caractère “jeune” à votre entreprise ou bien y a-t-il, de votre point de vue, une évolution ou volonté d’évolution à ce niveau ?

Benoît Roland : Il n’y a pas de réelle volonté de se profiler comme un théâtre “jeune”. Le caractère jeune du 210 provient essentiellement du fait que son équipe est jeune. Par conséquent, les choix artistiques, les décisions en tous genres correspondent forcément assez bien à une tranche d’âge plutôt jeune.

Horizons : A propos justement du programme et des choix artistiques de l’Atelier 210, avez-vous une ligne de conduite, une volonté de vous positionner dans une idéologie, une thématique, un courant particulier ?

Benoît Roland : Au niveau théâtre en tout cas, l’Atelier 210 n’a pas une programmation thématique. Le “210” est plutôt éclectique. Notre seul fil conducteur est de défendre un théâtre plutôt contemporain. Attention, cela ne signifie pas que nous voulons faire du théâtre expérimental et parfois peu accessible. L’idée est plutôt de favoriser des textes ou des mises en scène qui ont du sens actuellement, qui peuvent faire découvrir quelque-chose, apporter quelque-chose aujourd’hui et maintenant. Il s’agit que lorsque le spectateur rentre chez lui il ait retiré de la représentation, quelque-chose qui ait du sens dans notre époque.

Horizons : Comment vous profilez-vous sur la scène culturelle belge, par rapport aux autres théâtres, aux autres entreprises culturelles ?

Benoît Roland : L’Atelier 210 est avant tout un lieu multidisciplinaire. L’idée est d’y accueillir non seulement des comédiens mais également des musiciens et artistes en tous genres. Le 210 est surtout un espace culturel mixte et diversifié. Au-delà des nombreux spectacles qui y prennent place, nous organisons aussi des soirées telles que les lundimanches, soirées consacrées aux jeux de société et aux court-métrages. Nous accueillons aussi des expositions temporaires.

Horizons : Quel avenir pour l’Atelier 210 ? Comment vous profilez vous dans les années à venir tant sur le plan du contenu que sur le plan du développement de l’entreprise ?

Benoît Roland : Notre idée est bien entendu de continuer à développer toujours plus nos activités. Cependant, aujourd’hui, nous sommes confrontés à un problème de subventionnement. En effet, l’année où le “210” a vu le jour, il a été décidé que plus aucun “nouveau lieu” ne serait subventionné par la Communauté Française. Nous fonctionnons donc depuis près de sept ans exclusivement sur base de nos fonds propres, et grâce à la confiance sans cesse renouvelée du public. Cependant, nous sommes aujourd’hui à un tournant de l’histoire du “210”. Il nous faut trouver des subventions, sinon c’est l’avenir du 210 qui est mise en question. Dans cette optique, nous avons lancé une campagne destinée aux mécènes et autres sponsors privés.

Horizons : En tant qu’ancien du Collège Saint-Michel, pouvez-vous nous raconter une anecdote, un souvenir marquant de votre passage au Collège ?

Benoît Roland : Il ne s’agit pas réellement d’une anecdote, mais il est certain que mon passage au “Théâtre des Trois Portes” m’a énormément marqué, et a déterminé mon avenir et la création du “210”. Le “Théâtre des Trois Portes” est, pour cela, une structure formidable. C’est un théâtre amateur et cependant suffisamment professionnel et structuré que pour faire naître des vocations, donner des idées telles que la création de l’Atelier 210. C’est également par le biais des Trois Portes que j’ai fait la connaissance d’une grande partie de mon équipe actuelle.

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