Saint-Michel’s got talent : rencontre avec Maureen Dor
Nous avons profité de l’un de ses passages à Bruxelles pour participer à l’enregistrement de l’émission « Belgium’s got talent » pour retrouver Maureen Dor au Collège avec son ancien professeur de Latin, Baudouin Hambenne.
Horizons : Merci, chère Maureen de consacrer un peu de temps aujourd’hui à l’Association des Anciens de ton Collège. Peux-tu nous raconter comment tu es arrivée au Collège ?
Maureen Dor : Je suis rentrée au Collège en troisième humanité, chez Madame Anne-Marie Hobin. J’habitais rue Père Eudore Devroye, juste en face de Saint-Michel, et j’en avais assez d’être au Sacré-Cœur de Lindthout où il n’y avait, à l’époque, que très peu de garçons. J’ai donc passé quatre années de ma vie au Collège. Nous étions une classe de latin-langues, très homogène. Je jouais également à l’époque dans une troupe de théâtre et je suivais des cours de diction et de déclamation à l’Académie de Woluwe-Saint-Lambert avec Michel de Warzée.
Horizons : Qu’as-tu fait à ta sortie du Collège ?
Maureen Dor : Pour être franche, j’ai pris des détours… J’ai entamé des études de droit parce que le Collège nous donne la colonne vertébrale pour aller à l’université et que cela faisait tache, à l’époque, si on n’y allait pas. Mais j’ai vite senti que ce n’était pas ma voie. Après avoir trainé un an en droit, j’ai suivi deux ans de journalisme à l’IHECS. J’ai alors décidé de tout quitter pour étudier le théâtre à Paris ! Après deux ans de théâtre, j’ai commencé à faire de la télévision. Je vis actuellement en France avec mon compagnon Jérôme et mes deux fils, Gaspard et Léonard.
Horizons : Qu’est-ce qui t’a marquée lors de tes études au Collège ?
Maureen Dor : L’impression de faire partie d’une grande maison avec une longue tradition, de n’être qu’une petite chose mais d’un grand tout, d’être l’élite vis-à-vis de l’extérieur, mais pas grand chose modestement vis-à-vis de l’intérieur. La prise de conscience de la chance d’être là. L’importance d’adopter une certaine modestie. L’apprentissage des traditions, comme le concours d’éloquence. Je suis convaincue qu’il faut à tout prix maintenir ces traditions car elle forge une personnalité originale et on dit souvent en création que plus l’on est personnel, plus l’on est universel.
Horizons : Quels sont les professeurs qui t’ont marquée ? Quel est ton meilleur souvenir au Collège ?
Maureen Dor : J’ai gardé de très bons contacts avec Willy Deweert, mon titulaire de rhétorique. AnneMarie Hobin était une sacrée bonne femme, dure à l’extérieure et tendre à l’intérieur. Je garde aussi un excellent souvenir d’Etienne Smoes et de Maurice Scheerens. J’ai adoré le voyage que nous avons effectué à Berlin avec l’ensemble des classes de poésie. Le mur n’était pas tombé encore et le contraste Est-Ouest était impressionnant. J’ai aussi beaucoup aimé les festivités organisées autour du Centenaire du Collège en 2005. Je trouve que notre Collège est à la croisée des chemins ; nos anciens devraient encore plus entourer les jeunes anciens. Il faut absolument approfondir les liens qui existent entre les générations et développer ce réseau qui fait notre extraordinaire richesse.
Horizons : Est-ce que ton passage au Collège t’a poussé à sortir du lot ?
Maureen Dor : Quand je repense à ces années, je me dis souvent avec du recul que c’est dommage de ne pas nous avoir dit à l’époque qu’il y avait d’autres possibilités de réussite que la seule université. L’ « excellence » que le Collège promeut devrait nous inciter à être excellents quelle que soit la matière que nous choisirons et le chemin vers lequel nous nous dirigerons. La société a besoin de cette diversité qui est une richesse pour notre pays.
Horizons : Passons maintenant à ta carrière. Qu’est-ce qui a été le plus marquant dans ta carrière professionnelle ?
Maureen Dor : Les rencontres ! J’ai fait de la radio avec Laurent Ruquier. J’ai eu la chance de passer quelques émissions inoubliables assises entre Jean-Claude Carrière et Jean Yanne qui m’ont vraiment impressionnée. J’ai commencé à la télévision à Canal + entre Antoine de Caunes, Philippe Gildas et Jérôme Bonaldi à la grande époque des Guignols. La télé est un monde dur. Le public croit que le plaisir que l’on a dans ce métier, c’est d’être vu. Mais pour ma part, le plaisir réside bien plutôt dans les rencontres que j’y ai faites.
Horizons : Comment fait-on pour réussir dans ce monde cruel de la télé ?
Maureen Dor : Pour faire de la télé durablement il faut avoir une faim absolue de reconnaissance. Quand on ne l’a plus, on se rend compte de la vanité de tout cela, et ça devient dur. C’est un milieu que l’on peut comparer à des montagnes russes où il est vital d’avoir un ancrage familial stable pour garder les pieds sur terre.
Horizons : Tu es maintenant auteur et éditrice. Parlenous de cette nouvelle voie.
Maureen Dor : L’écriture est ce que je préfère. C’est ce qui m’épanouit le plus et non pas d’être dans la lumière des projecteurs comme je le croyais auparavant. Quand j’ai commencé à écrire, je suis d’ailleurs devenue une mauvaise chroniqueuse télévisée, car je me suis soudainement demandé qui j’étais pour oser critiquer le travail des autres. Je suis heureuse d’avoir trouvé une activité qui me comble pleinement. La facette éditrice comble le besoin d’entreprendre qui m’est essentiel ; j’aime mener les troupes, travailler avec d’autres auteurs, illustrateurs, etc. J’ai écrit deux scénarii de longs métrages et je rédige mes histoires. Par ailleurs, en tant qu’ancienne comédienne, les livres-cd me permettent de raconter, de vivre une histoire. Je crée notamment des récits pour les enfants de trois à six ans dans la collection « les ZYGOmots ». Par ailleurs, j’effectue également la « traduction » (et pas l’adaptation), la transmission de contes existants pour que les auteurs du 19ème siècle, par exemple, soient encore compris par les enfants du 21ème siècle. Cela me passionne !
Horizons : Quelle est ton actualité de la rentrée ?
Maureen Dor : J’ai d’abord mon nouveau livre-cd. Je suis également membre du jury de l’émission « Belgium’s got talent » sur RTL-TVi. Par ailleurs, je travaille chaque année avec l’orchestre « A la portée des enfants » qui se charge de mettre une grande œuvre à la portée des enfants. Je suis la narratrice de l’histoire, la « passante » de l’œuvre. Cette année, il s’agit d’ « Alice au pays des merveilles ». Les représentations auront lieu à Liège et à Bruxelles. Ce spectacle didactique est un véritable bijou. Il permet aux enfants de rentrer dans l’œuvre et d’apprivoiser la musique classique.
Horizons : Au terme ce notre entretien, quel message souhaiterais-tu « transmettre » à nos jeunes anciens ?
Maureen Dor : Notre Collège nous donne les racines mais il ne fait pas l’arbre. Je veux dire que la rigueur reçue pendant nos études ne signifie pas systématiquement qu’on doive l’utiliser exclusivement dans de « grandes » études. Tous les métiers se valent quand ils sont faits avec amour, passion, ambition et talent. Il faut oser suivre la voie qui nous mènera à l’inaccessible étoile !
Horizons : Merci Maureen pour ce retour au Collège et cet échange si enthousiaste. Nous te souhaitons un franc succès dans toutes tes entreprises et spécialement pour ton nouveau livre « Moi super moi ». (www.editions-clochette.fr)