Retrouvailles Anciens 1959 vs Anciens 2009

Dans le numéro 101 de Horizons, l’article « Retrouvailles rhétos 2009 » 1 ne pouvait qu’attirer l’attention, avec ses nombreuses photos et sa magnifique vidéo. Il devenait tentant de rapprocher cet anniversaire réussi des 10 ans, avec celui des 60 ans de la Rhéto A 1959, qui avait eu lieu en mai.

10 ans après, 60 ans après, cherchez les différences !

par Yves Maquet

Dans les deux cas, il y eut l’apéro, le repas amical et la photo de groupe. Mais pour nous, les onze «soixantenaires» présents, les deux premiers furent organisés au Cercle royal gaulois, en veston, col et cravate. A notre âge, on ne change plus les habitudes : fêter un jubilé, ce doit être solennel.

Le repas ne fut pas non plus à la bonne franquette, sauf la rédaction du menu, exercice d’imagination forcée avec ce qui nous restait de latin, sans l’aide de Google.

Pour la photo de groupe, nous étions assis dans les fauteuils du Sénat avec, au premier rang à  droite,  nos  deux condisciples VIP, notre Père jésuite, Thierry Dejond, et notre Ministre d’Etat, François-Xavier de Donnéa, qui nous avait concocté la visite du palais de la Nation. Evidemment, l’image est assez éloignée des photos exubérantes des rhétoriciens de 2009, même avec 10 ans de plus. De toute façon, aucun d’entre nous n‘aurait osé sauter de joie comme eux, au risque de terminer la fête aux urgences. Enfin, nos confrères de 2009 ont relaté leur fête dans une belle et émouvante vidéo. Pour nous, sortis du Collège quand l’informatique grand-public n’existait pas, l’idée même d’une vidéo ne nous a pas effleurés. Prendre des photos et rédiger des textes, d’accord, mais faire une vidéo avec enregistrements et montage, c’est bien trop compliqué. Nous, et surtout Marcel-Pierre Carbonnelle, avons plutôt pris le temps de réaliser notre album souvenir d’une trentaine de pages, témoignage du Collège que nous avons connu dans les années cinquante, et témoignage de nos différentes retrouvailles pour nos 25 ans (30 participants), 40 ans (25 participants) et 50 ans (22 participants).

Une dernière différence encore. La fête des 10 ans réunissait « les Rhétos 2009 », notre fête était celle de « la Rhéto A 1959 ». Ces  nuances  d’orthographe  soulignent  peut-être  le  mieux le  changement   d’époque.   Dans   les   années   cinquante,   il y avait deux classes de rhétorique, A et B, d’une bonne quarantaine d’élèves  chacune,  qui  ne  se  parlaient  pas d’une classe à l’autre, sauf exception. C’était la compétition partout. D’abord, on était A ou B. (A étant la Rhéto des meilleurs, ce que disaient évidemment  les  autres  de  la  Rhéto B.) Ensuite, dans chaque classe, c’était la compétition individuelle, pour le  classement  du  trimestre,  pour  les  prix et accessits de fin d’année, pour la performance tout court, dans tous les domaines. Le manque d’esprit de groupe est sans doute une des raisons pour lesquelles peu d’Anciens    de cette époque se soient revus, en dehors des soirées organisées par l’AESM.

Mais ces différences restent anecdotiques, si on les compare avec ce qui nous unit, entre générations de collégiens. Nous en avions fait l’expérience lors de notre jubilé le plus important, le cinquantenaire. Nos carrières touchaient à leur fin et c’était l’occasion de faire un bilan de notre vie, professionnelle et privée. Tour à tour, chacun d’entre nous prit la parole pour résumer son parcours et offrir sa conclusion sur le rôle joué par le Collège dans son histoire personnelle.

Le fil commun de toutes ces confidences, ce fut la reconnaissance. Reconnaissance des valeurs de travail, de mérite, de persévérance, de droiture. Reconnaissance envers nos anciens professeurs, pour la formation humaine, culturelle et spirituelle, reçue à St Michel. Nous ne le dirons peut-être pas sur la place publique, car un tel discours n’est plus politiquement correct mais, entre nous, l’exigence de l’époque était élitiste et, dans nos histoires personnelles, cela nous a tous beaucoup aidés.

Et vous, amis rhétoriciens de 2009, amis lecteurs de tous âges, qu’en pensez-vous ?

Droit de réponse des jeunes !
par Pierre Charles de la Brousse

Certes, le cadre fut différent.

Certes, le menu fut différent.

Certes, en terme de visuel (photos et vidéo), «  il  n’y avait pas photo »  comme on  dit : l’exubérance de la jeunesse face à la sagesse de l’expérience.

Certes, nous avons 50 années de différence.

A part ces différences de forme entre des retrouvailles de 10 ans et des retrouvailles de 60 ans, qu’est-ce qui nous distingue réellement dans le fond ?

Finalement, perdure la même volonté de célébrer ensemble tout ce que nous a apporté ce Collège, et surtout les amitiés qui se perpétuent malgré le temps et la/les décennie(s) écoulée(s).

Mais plutôt qu’un long discours, le meilleur moyen de comparer n’est-il pas simplement de placer côte à côte quelques photos tirées de nos deux soirées respectives ?