Retrouvailles Ads 1959
Retrouvailles Ads 1959
Un simple déjeuner d’Anciens (Ads 1959) mais le 64ème anniversaire quand même !
Trop nombreux – 42, répartis en deux sections – pour bien se connaître tous, nous avons quitté le Collège en ne connaissant finalement presque personne, sauf quelques vrais amis, que nous rencontrions surtout… en dehors du Collège. C’était en juillet 1959 et, très franchement, personne ne songeait sérieusement à se revoir.
Le lecteur nous excusera de parler d’un temps où la liberté était davantage un concept qu’une réalité, en tout cas au collège : messe tous les matins, confession tous les vendredis, discipline partout, avec sanctions à l’appui jusqu’à la carte verte avec renvoi de trois jours, c’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais pour nous c’était normal. Il suffisait d’attendre la fin du cycle des Humanités. Et on y était, à la fin. L’université nous attendait, à nous la liberté, enfin !
Pour les nostalgiques, il y aurait la réunion annuelle des Anciens. Après la cérémonie officielle, l’hommage aux Anciens morts pour la Patrie, la messe, l’accueil des jubilaires, c’était alors l’apéritif au réfectoire, et le repas préparé par les cuisinières de l’internat car, eh oui, il y avait encore un internat à St-Michel en 1959.
Ma première curiosité du passé est venue en 1965 ou en 66, peu après l’armée. Déception, il n’y avait que peu d’anciens de 59, que ce soit A ou B. Après tout, c’était presque à prévoir, la cuvée de la Rhéto A 59 n’avait jamais été très soudée. Je suis retourné une ou deux fois, même topo, quelques autres têtes de 59, mais pas plus nombreuses. Il fallait sans doute se faire à l’idée que nous nous perdrions définitivement de vue, sauf à trouver une idée hors des sentiers battus.
Et si nous proposions des retrouvailles en dehors du Collège ? Le ballon d’essai fut lancé pour le 20ème anniversaire. J’avais réservé un petit restaurant de quartier rue Defacqz, Le Pavillon, pour une « soirée privée », et, oh surprise, nous fûmes une vingtaine. Tout heureux de cette soirée, nous décidâmes de nous retrouver pour fêter les 30 ans. Ce fut fait. Ce sera la première grande soirée organisée dans le nouveau bâtiment des sports d‘Amicolmi, rue Père Eudore Devroye. Ce fut un succès, plus de 25 participants entourant notre professeur, le père Stevens et « notre » jésuite, Thierry Dejond.
Pour les quarante ans, ce furent les petits plats dans les grands, le tout organisé par Alain Geûens, avec la complicité de François-Xavier de Donnéa, bourgmestre de Bruxelles à l’époque. Quelle soirée, on s’en souvient encore ! Sans prévenir, Alain s’est fendu d’un long article pour Horizons (Horizons 1999) Nous étions aussi fiers que si in avait parlé de nous dans L’Evénement !
Le centenaire du Collège allait certainement réunir tout le monde, sans qu’il faille battre le rappel. En qualité de Rhéto 59, nous n’avions donc rien préparé. Erreur ! Nous ne fûmes à nouveau que trois pelés et deux tondus. Donc, nous devions impérativement organiser notre cinquantenaire. Où ? Mais au Collège, pardi ! Le collège avait tellement changé depuis notre sortie, c’était l’occasion de le redécouvrir. Nous avons eu la chance de pouvoir visiter aussi la Bibliothèque des Bollandistes, domaine mystérieux par excellence, dont l’accès nous était rigoureusement interdit quand nous étions élèves. La réunion s’est ensuite poursuivie au Club des Guides. Pour la deuxième fois, nous avons osé relater notre jubilé dans Horizons. (N°71)
L’âge aidant, il devenait présomptueux d’attendre encore 10 ans avant la réunion suivante, au risque de se réunir dans une cabine téléphonique. Le prétexte était tout trouvé. Notre jésuite Thierry était seul à Namur, nous ne pouvions pas l’abandonner à ce triste sort. Ainsi est née la tradition du déjeuner annuel à Namur, d’abord Chez François, place Saint-Aubin, et depuis quelques années au Château de Namur.
Enfin, ce fut le déjeuner des 60 ans au Cercle Gaulois, suivi d’une visite privée du Parlement, grâce à notre François-Xavier national, Ministre d’Etat. Ici aussi, nous avons partagé l’événement dans Horizons, (N°102). Ce fut la belle comparaison avec la Rhéto 2009 qui fêtait ses 10 ans.
Cette année, 2023, nous avons simplement tenu notre déjeuner annuel au Château de Namur, nous étions 9 sur un total potentiel de 14. Notre déjeuner de l’année prochaine sera plus important, nous fêterons les 65 ans de sortie du Collège. Nous aurions donc aisément attendu encore un an avant d’écrire quelque chose, mais la Rédaction de Horizons nous a demandé un rapide compte-rendu.
Que conclure de ce raccourci de notre histoire ? Simplement que les cuvées Saint-Michel se suivent et ne se ressemblent pas. Qui aurait cru que nos rhétoriciens de 1959, sans véritable esprit de groupe, non seulement se reverraient encore, tant d’années plus tard, mais y prendraient un tel plaisir qu’ils se revoient maintenant tous les ans ? Certes, nous ne sommes pas une exception, mais nous ne sommes quand même pas nombreux à encore nous retrouver, une fois par an.
Ne serait-ce pas encore une alchimie durable de cet esprit unique qui souffle dans un collège jésuite ? Nous en parlerons l’année prochaine, si Dieu le veut.
Yves Maquet,
avec la collaboration intense des mémoires de Alain Geûens, Marcel-Pierre Carbonnelle et Christian Wellekens