Rencontre avec Serge Vermaere
Serge Vermaere (ads 1991) a lancé la société Proboss SA en 2012. Horizons lui a demandé de nous partager son expérience.
Horizons : Serge, quel a été ton parcours depuis ta sortie du Collège Saint-Michel ?
Serge Vermaere : A ma sortie du Collège en 1991, j’ai opté pour des études d’ingénieur civil. Vu que le « kot » n’était pas envisageable et par souci de proximité, j’ai décidé de passer l’examen d’entrée à l’Université Libre de Bruxelles et d’y poursuivre mes études. A ma sortie en 1996, je suis parti un an en Amérique Latine où j’ai travaillé pour une société française dans le secteur des télécommunications. Je pensais que c’était comme aller en Espagne et que les gens parleraient sûrement un peu l’anglais. Mais je ne savais pas dans quoi je m’aventurais… pas de connaissance de l’espagnol (indispensable au quotidien), pas d’e-mail comme aujourd’hui, pas de GSM (impayable)… perdu à tout point de vue ! Vous perdez vos repères, vous vous sentez impuissants, et puis, pas le choix de toute façon (vu que le billet d’avion retour était 6 mois plus tard)… vous puisez dans votre fort intérieur pour vous débrouiller. L’expérience personnelle fut fantastique. C’est un des plus beaux moments de ma vie. Après un an, de retour en Belgique, je désirais changer de secteur d’activité. Ma carrière débute alors avec la banque JP Morgan à Bruxelles puis à Londres. Je continue ensuite dans le conseil en Belgique (mais toujours dans le monde financier) puis retour dans la finance en 2005. En 2010, j’accepte avec soif du challenge un poste à l’étranger comme administrateur pour DSD Ferrometalco (filiale du Groupe allemande DSD Steel Group), basé au Caire en Egypte. Nouveau secteur, nouveau continent, nouvelle culture, un beau défi qui m’a (à nouveau) appris beaucoup. J’y resterai presque trois années avant de me lancer à mon compte propre il y a quelques mois.
Horizons : Comment a germé cette idée de se lancer à ton propre compte?
Serge Vermaere : Durant un court séjour en Belgique en 2011 (j’étais en poste permanent avec ma famille en Egpyte), je passais chez un ami en soirée pour lui emprunter un siège pour enfants. On en profite pour échanger les nouvelles respectives de chacun (on ne s’était pas vu depuis mon départ pour l’Egypte en 2010). Rapidement, la discussion atterrit sur le terrain professionnel, ce qui va, ce qui ne va pas et ce qui serait bien. Et là, sans nous en rendre compte, nous avons poussé la porte du « ce serait bien si »… est-ce possible ? mais au fond pourquoi pas ? C’est ainsi que nous avons forcé cette porte des appréhensions pour passer du mode conditionnel au mode action.
Horizons : Peux-tu nous expliquer en quelques mots le concept et le service offert ?
Serge Vermaere : Je me suis associé avec des profils complémentaires histoire de recueillir toutes les compétences nécessaires. Ensemble, nous avons développé une solution de rémunération innovante qui s’adresse aux dirigeants actionnaires rémunérés de sociétés belges et dont l’objectif est de rémunérer le dirigeant de manière attractive par rapport aux autres techniques de rémunération traditionnelles belges. Une fois prête, la solution fut soumise au service de décisions anticipées du SPF finances pour validation. Ce n’est ni un produit d’investissement, ni un produit d’assurance. C’est une solution que nous mettons en place pour le client. On peut donc parler d’un service (et non d’un produit).
Horizons : Parmi les appréhensions, quelles sont celles que tu as ressenties le plus ?
Serge Vermaere : Il y a tout d’abord l’appréhension de la perte du confort dont on dispose. On parle couramment de la peur de l’inconnu : « Je sais ce que j’ai aujourd’hui mais je ne sais pas de quoi demain sera fait ». Peut-être l’idée est bonne mais j’ai oublié un point ou l’autre dans mon analyse préliminaire et cela pourrait me faire déchanter complètement ? Quel est ce risque ? En vaut-il la peine ? Est-il mesuré ? Je citerais également l’appréhension de l’échec et ses conséquences au point de vue social et émotionnel : si je me plante, pourrai-je me relever ? Pourrai-je affronter cet « échec » (du moins la perception d’échec si telle se présente la situation) ? Quelle sera mon « image » socialement parlant ? Je pense que le fait d’accepter et d’identifier ces appréhensions est une étape indispensable pour aller de l’avant.
Horizons : Quel est le bilan à ce stade du projet ?
Serge Vermaere : Je suis heureux de pouvoir dire que les résultats dépassent nos attentes et nos ambitions de départ. Bien entendu il y a encore beaucoup d’idées et de choses à faire dans les mois à venir pour gérer la croissance sans perdre de vue notre objectif primordial : le service rendu à nos clients doit être irréprochable. Il ne faut donc pas lâcher la pression ni la concentration. Il faut garder la tête froide et gérer la croissance avec plaisir et engouement mais surtout pas à n’importe quel prix.
Horizons : Quels sont les conseils que tu voudrais partager à ceux qui envisagent de se lancer à leur propre comte ?
Serge Vermaere : Etudier bien entendu votre projet avec les plus d’ouverture possible (i.e. sous différents angles). Laissez murir vos idées et laissez-vous aussi conseiller par votre entourage et vos amis : plusieurs avis externes de personnes expérimentées vous apporteront des arguments nouveaux, des points d’étude complémentaires pour faire murir votre projet. Si vous en ressentez le besoin, choisissez attentivement votre (vos) associé(s). Pour ce faire, soyez critiques et le plus objectif possible : mon associé ne doit pas être nécessairement un bon ami. En tout cas, si c’est un ami, ce n’est pas suffisant pour l’emmener dans l’aventure. Et puis un moment donné, il faut se lancer. De manière imagée, c’est comme si vous allez nager dans une nouvelle grande piscine : vous décidez d’y aller (c’est votre projet de départ), vous y réfléchissez (suis-je capable de nager en eau profonde, comment devrais-je être équipé, faut-il être en équipe, etc.), vous vous préparer (équipement tant point de vue fourniture matérielle que du point de vue mental) et puis tout est prêt, vous êtes équipé au bord de l’eau, il faut juste se lancer et puis nager … à savoir ici, bosser à fond les ballons 😉
Horizons : Que retiens-tu de ton passage au Collège Saint-Michel ?
Serge Vermaere : Si je vois le chemin de vie de mes camarades de classe (sans volonté de porter de jugement bien entendu), force est de constater que l’enseignement (au sens large du terme : l’éducation) du Collège a clairement contribué à leur épanouissement. Comme beaucoup d’entre nous, je garde des précieux souvenirs du Collège que ce soient de certaines péripéties en classe, de certains professeurs atypiques ou encore de camps inoubliables comme la Diglette.