Rencontre avec Geoffroy Gillis (ads 1994)

Horizons a eu l’occasion de rencontrer Geoffroy Gillis (ads 1994) et d’aborder avec lui la question de la révolution digitale et cognitive. Interview passionante d’un passionné !

Horizons :
Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous partager votre parcours académique et professionnel?

Geoffroy :
Sorti du Collège St-Michel en 1994, je suis diplômé en Ingénieur de Gestion (Facultés Universitaires St-Louis puis Louvain-la-Neuve LSM).
Après avoir obtenu un Master en “International Management” (CEMS), j’ai débuté ma carrière professionnelle en 2000 chez IBM, d’abord en tant qu’account manager pour les produits logiciels e-business, pour ensuite rejoindre la branche Consulting en 2004 (période qui coïncidait avec le rachat de PwC Consulting par IBM).
Après 5 années de missions de consultance stratégique auprès de divers clients, principalement axées autour des défis de transformation d’entreprise liés à l’émergence de nouvelles technologies, j’ai eu l’opportunité d’acquérir de l’expérience à l’étranger en partant avec ma famille pendant 4 ans à Québec, où j’ai travaillé pour une grande société d’assurances et de produits financiers en tant qu’architecte d’affaires, en charge de la transformation digitale de la force de vente.
Nous sommes rentrés en 2013 en Belgique, lorsqu’IBM m’a proposé de prendre la direction et le développement de la branche Digital Consulting, aujourd’hui composée d’une cinquantaine de consultants.

Horizons :
Beaucoup parlent de “révolution digitale”. Que se cache-t-il derrière cette expression qui à la fois fascine et inquiète?

Geoffroy :  
Depuis quelques années, nous assistons :

  1. à l’explosion du nombre des données (data) considérées par certains comme la nouvelle ressource naturelle mondiale (Saviez-vous que tous les 2 ans, nous produisons autant de données numériques que ce qui a été produit depuis le début de l’Humanité?)
  2. au développement du “cloud”, un un modèle d’affaires économique et flexible (“as a service”) qui permet de déployer de nouveaux projets sans devoir s’équiper d’infrastructure IT souvent lourde et coûteuse
  3. mais surtout à l’utilisation de plus en plus intensive des technologies mobiles et des réseaux sociaux.

Ces éléments ont un impact majeur sur la façon dont les personnes et entreprises inter-agissent.

Actuellement, le monde est en train de passer rapidement d’une phase de digitalisation (qui consiste à utiliser la technologie pour améliorer/digitaliser un processus spécifique (ex: banque en ligne, automatisation de transfert de fonds,…)) vers une phase de transformation digitale qui, elle, couvre la digitalisation d’un ensemble de processus transversaux à l’entreprise avec pour objectif d’offrir une meilleure expérience-client (ex: même expérience-client personnalisée à travers différents canaux de distribution (omni-channel)).
Avec l’émergence et la combinaison des technologies de Big Data et d’intelligence artificielle (AI), nous passons dans une autre dimension, la transformation cognitive ou celle que j’appelle la “ré-invention digitale”. Celle-ci est déjà en train de révolutionner et transformer la manière de faire des affaires, de consommer, de se former… et de vivre.

Horizons :
Que se cache-t-il derrière cette “ré-invention digitale” et cette technologie d’intelligence artificielle (AI)?

Geoffroy :
Avec cette prolifération exponentielle de données dont seule une infime partie (+/- 20%) est aujourd’hui visible et utilisée à la prise de décision, le grand défi pour les acteurs économiques et sociétaux est non seulement d’être capables de capter toutes ces/vos données (tels que le font les GAFA: Google, Apple, Facebook, Amazon) mais surtout, d’être capable de les comprendre et de les exploiter. C’est là qu’interviennent les technologies d’intelligence artificielle (AI) qui vont bouleverser et ré-inventer une bonne partie des repères actuels de notre société.

Ces technologies AI pemettent à des machines de comprendre les données (reconnaissance des objets et des mots, avec une première explication donnée par un expert/humain) de raisonner (faire des correlations entre données) et d’apprendre par soi-même (“machine learning”: proposer de nouveaux liens/processus sur base du contexte et de l’analyse de données historiques).
On va donc permettre  à une machine d’apprendre à gérer des informations de manière plus efficace qu’un être humain. Précisons que certaines choses ne peuvent pas (encore?) être gérées par une machine telles que l’empathie, la gestion de dilemne,…

Horizons :
Le développement de cette “intelligence artificielle” n’est-elle pas un risque pour notre civilsation? Certains parlent de remplacer les humains par des robots intelligents.

Geoffroy :
Il est vrai que la tendance à la robotisation, combinée à l’ajout d’intelligence artificielle pour l’aide à la prise de décisions, va s’accélérer… c’est déjà le cas pour des activités ou processus standards, répétitifs, à faible valeur ajoutée.
Bien que les prédictions à 10-20 ans puissent paraître un peu alarmantes avec 40-50% des emplois touchés par cette tendance à la robotisation, je pense que cette technologie d’intelligence artificielle va permettre à la société de se retransformer, de se ré-inventer, de créer de nouvelles fonctions et start-up innovantes, de faire évoluer son système d’éducation pour se focaliser sur de nouvelles activités à haute valeur-ajoutée, complémentaires à la robotisation des activités à faible valeur-ajoutée.

Selon moi, le grand défi n’est pas tant celui de la transformation digitale et cognitive, mais surtout la transformation culturelle et humaine qui permettra d’accompagner ce changement disruptif et d’en extraire le maximum de valeur pour chaque individu/travailleur/citoyen, de même que pour les entreprises et institutions.

Horizons :
En tant que consultant, ne croyez-vous pas que cette AI va remplacer, à terme, votre job en laissant une machine générer à votre place des conseils en stratégie aux clients?

Geoffroy :
Je ne pense pas (rire). A court terme, nous allons continuer à accompagner les clients à se transformer, de manière flexible et collaborative (Agile), en exploitant les opportunités liées à ces nouvelles technologies digitales et cognitives. À moyen et long terme, je pense que le métier de conseil aura encore de beaux jours devant lui. Par contre, je suis persuadé que ces nouvelles technologies vont changer la façon dont nous travaillons, en nous focalisant sur les sujets à plus haute valeur ajoutée.

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