Hommage au Docteur Yasse

Merci à la rédaction de WoluInfo 2023 n° 6 de permettre à Horizons de faire paraître son article sur le Docteur Yasse et son épouse

Le docteur Louis Yasse et son épouse Rose-Anne Brasseur, de véritables humanistes ont été honorés par la commune de Woluwé St-Lambert pour leur combat en faveur d’une société plus inclusive

Le 18 novembre 2023, le Collège communal a inauguré un nouveau panneau didactique érigé en l’honneur du docteur Louis Yasse (1928-2010) et de son épouse Rose-Anne Brasseur (1930-2018), au coin de l’avenue des Ombrages et de la rue Georges et Jacques Martin. Ces précurseurs de l’enseignement spécialisé de type 4 méritaient bien cette reconnaissance, eux qui ont œuvré, leur vie durant, au service de la collectivité et de l’inclusion en fondant, notamment, le Centre belge d’éducation thérapeutique pour infirmes moteurs cérébraux (CBIMC) qui accueille des enfants et des ados dans une approche novatrice.

Louis Yasse naît à Tubize le 23 décembre 1928. En 1954, il épouse son amour d’enfance, Rose-Anne Brasseur. Ensemble, ils auront six enfants et se fixeront dès les années 1960 à Woluwe-Saint-Lambert, d’abord avenue E. Speeckaert puis rue G. et J. Martin.

La naissance d’une vocation …

Après son mariage, le couple s’installe à Nioka, dans l’actuelle République démocratique du Congo. Louis Yasse y effectue trois ans de service civil comme médecin responsable d’un hôpital. Ses nombreuses prestations auprès de la population infantile de cette région éveillent une vocation.

En 1957, le couple s’installe près de Bruxelles et Louis Yasse dispense des soins médicaux à la clinique War Memorial à Etterbeek. Il y découvre le monde des enfants infirmes moteurs cérébraux (IMC). Il étudie la neuropédiatrie à Lyon et à Paris et se spécialise en réadaptation. Il met dès lors sa profession au ser­vice d’une grande cause humaine : la prise en charge des enfants souffrant d’une infirmité cérébrale. Il privilégie les soins ambulatoires adaptés au rythme de l’enfant et en contact avec le milieu de vie ordinaire. « Les pa­rents étaient heureux de voir ce jeune médecin à quatre pattes jouant avec leur enfant et qui, en même temps, faisait de la réadaptation », témoigne son fils Thierry.

Une première en Belgique

En 1961, Louis Yasse est nommé directeur médical de l’école Champ de Joie, créée par des parents d’enfants IMC et orga­nisée sous les tribunes de l’ancien champ de courses de Stockel. Pour la première fois en Belgique, une école se dote d’un accompagnement médical spécialisé. Celle-ci allie désormais, en un même lieu, réadaptation fonctionnelle et scolarisation.

En 1963, le jeune neuropédiatre, accompagné de plusieurs parents, fonde le Centre belge d’éducation thérapeutique pour infirmes moteurs cérébraux (CBIMC). S’adres­sant à des enfants et adolescents présentant une infirmité motrice cérébrale ou porteurs d’une affection neurologique de longue durée, il rassemble une équipe pluridisciplinaire. Durant ses dix premières années d’existence, il déménage à quatre reprises pour un confort grandissant. La réa­daptation fonctionnelle et la pédagogie sont novatrices et procurent des résultats très positifs tant sur le plan individuel que collectif. Des ramifications se créent également avec diverses associations, écoles et mouvements de jeunesse afin de favoriser l’inclusion. Des efforts constants ont permis des reconnaissances et des subventions.

Le couple Yasse rencontre et se lie d’amitié à cette époque avec des membres du mouvement catholique des Équipes Notre-Dame. Le Père André Roberti de Winghe, jésuite du Collège Saint- Michel d’Etterbeek, en est l’accompa­gnateur spirituel. Leur amitié aura été féconde, contribuant à la nais­sance du CBIMC et des foyers de L’Arche en Belgique, une association basée sur un mouvement international.

Au début des années 1970, le Collège Saint-Michel rend possible la construc­tion d‘un bâtiment, en libérant une par­celle de terrain sur son site d’Etterbeek. Le CBIMC s’y installe en 1978. Aujourd’hui, le cadre scolaire s’est adapté pour regrouper les filières scolaires vouées aux enfants porteurs d‘un handicap. L’enseignement adapté aux élèves présentant des déficiences physiques est appelé « type 4 ». L’école Champ de Joie, devenue École du CBIMC, est l’ancêtre de cet enseignement spécialisé.

A propos de Louis YASSE, la neuropédiatre Brigitte Henrot salue un « engagement personnel absolu ». Le neurologue français Michel Le Métayer (1932-2019), une référence dans le domaine de l’infirmité motrice cérébrale et du polyhandicap, dit de lui, en 2007, qu’il est « de ceux qui se sont engagés dans le champ de la paralysie cérébrale avec un enthousiasme de pionnier ». Il ajoute ces mots fondamentaux, que l’on retrouve dans l’ouvrage que Thierry Yasse a consacré à ses parents : « Louis Yasse dépasse le domaine médical » et met « tout en œuvre pour que les enfants accèdent à la scolarisation et à la culture ». Il faut leur « donner les moyens d’accéder à une pleine vie sociale, s’y épanouir et goûter aux joies de la vie ».

Revue InfoWolu