Les Equipes Saint-Michel – Lourdes 2023

Présentation par le Père Jean-Louis van Wymeersch sj., interviewé par Thibault Leboutte (Ads 2015)

Thibault Leboutte (ThL) :  Père, avant de nous parles des Equipes Saint-Michel, pourriez-vous d’abord vous présenter en quelques mots ?

Jean-Louis van Wymeersch (JLvW) : :  Je suis jésuite depuis une trentaine d’années et vis à Quartier Gallet, près de Beauraing, dans une communauté qui accueille des jeunes qui veulent se ressourcer. Nous leur proposons ainsi des journées rythmées par des activités communautaires et des temps de prière, pour leur permettre de retrouver contact avec la nature, l’intériorité et la foi.

ThL :   Parlons maintenant des Equipes St-Michel dont vous faites partie. Quel est leur projet, leur(s) objectif(s) ?

JLvW : C’est un projet qui est né il y a 60 ans, d’une intuition du Père Roberti (ancien professeur de religion au Collège St-Michel). Il voulait emmener à Lourdes des valides (des jeunes) et des moins valides. Il avait été touché par les personnes ayant un handicap et avait perçu ce qu’elles pouvaient apporter en termes de richesse humaine. Il a alors proposé un pèlerinage à Lourdes, mêlant valides et moins valides. Temps de rencontre, de communion, d’enrichissement mutuel. Ces termes résument bien l’esprit de ce pèlerinage d’une semaine au cours duquel toute une série d’activités sont organisées : chemin de croix, messe internationale, petites conférences pour approfondir notre foi, sans oublier des activités de détente (après-midi de jeux en plein air, et même une soirée avec danses folk). Tout le monde loge à l’hôtel : le pèlerinage doit se vivre pour tous à la même enseigne, pas de distinctions entre valides et moins valides qui pourraient loger dans des institutions spécialisées. Pendant une semaine, les valides ont l’opportunité de pouvoir venir en aide à des personnes porteuses d’handicap. En échange, celles-ci nous ouvrent à d’autres types de valeurs et de contacts. Elles nous rappellent que l’important dans notre société n’est pas l’efficacité et la compétition (qui laisse peu de place à l’humain) mais le fait d’écouter l’autre, d’être là : en somme, de développer des qualités humaines d’accueil et de communion avec l’autre. C’est vraiment cette intuition d’enrichissement mutuel possible que le Père Roberti avait voulu développer chez les jeunes.

Une autre caractéristique du pèlerinage est la présence importante de jeunes. Cette année, 245 pèlerins dont 80 jeunes ont pris la route de Lourdes. Ils étaient accompagnés de 80 personnes moins valides et d’adultes plus âgés accompagnants. Cette forte présence de jeunes ajoute un dynamisme au projet puisqu’ils s’occupent d’animer le pèlerinage au travers de staffs de coordination, de musique, d’animation… Quelques adultes encadrent et aident à la préparation mais l’idée est que les jeunes prennent en charge l’organisation et le déroulement des activités.

 ThL : Pourquoi s’être investi dans un projet comme celui-là ? Et depuis combien de temps le faites-vous ?

JLvW : Ce sont les éléments précités qui m’ont vraiment touché car je trouve magnifique de participer à un projet où des jeunes s’investissent et donnent le meilleur d’eux-mêmes. J’y suis de façon éparse mais depuis les années 2000, j’y participe régulièrement. C’est un projet en lequel je crois beaucoup car la dimension de service y est omniprésente et c’est quelque chose qui est inhérent à l’homme : nous sommes faits pour servir et aider l’autre. Et si cela peut se faire pour des personnes moins valides, c’est encore plus beau. C’est pour être témoin de cet échange que j’aime m’y investir et y participer.

ThL : Pourriez-vous par exemple nous décrire une journée de Pèlerinage que vous avez vécue ?

JLvW : La journée du samedi 19 août dernier m’a beaucoup marqué. Elle a commencé par un grand chemin de croix. C’est une thématique importante puisqu’elle illustre la question de la souffrance : comment gérer notre souffrance au quotidien ? comment la foi peut nous aider à y faire face ? Le chemin de croix est une espérance pour les souffrances d’aujourd’hui. Les différentes « stations » du chemin de Croix ont été animées par les jeunes. L’après-midi a été dédiée à des carrefours et des ateliers de bricolage). Les carrefours sont proposés plusieurs fois durant le pèlerinage. Il s’agit d’un temps de réflexion, d’échange mais aussi un moment pour faire un petit bilan. Les thèmes sont variés. Personnellement j’ai animé un carrefour sur la thématique de « Poser un choix », avec la question du discernement particulièrement, chère aux jésuites (cf. le discernement spirituel selon St-Ignace de Loyola). Ensuite, une eucharistie était proposée.

Le soir, nous avons eu une soirée danses folk et café bar. Elle se déroulait à l’extérieur du sanctuaire. C’est un temps de détente chaleureux et convivial, qui permet aussi aux jeunes de se retrouver dans une activité qu’ils apprécient. C’est cela qui fait aussi la réussite du pèlerinage : le mélange entre activités spirituelles, rencontres gratuites et détente.

ThL : Que retenez-vous en particulier de cette édition 2023 à Lourdes ?

JLvW : Une des grandes satisfactions de cette année fut le groupe musique. Il était dynamique et entraînant ; il a communiqué un beau dynamisme pour les célébrations. Et pour moi qui aime la musique et qui ai joué de la flûte dans le passé, cela m’a beaucoup touché. L’encadrement de ce staff musique a bien réussi. Cette année, nous avions 40 nouveaux jeunes, c’est un beau renouvellement. En moyenne, les jeunes reviennent 2 à 3 fois. Quand un jeune veut revenir, nous lui proposons alors de s’impliquer davantage dans un des staffs par exemple, et très souvent les jeunes sont heureux de cette responsabilité nouvelle qui leur est proposée.

Cette année, nous avons aussi eu la chance d’accueillir des familles avec de très jeunes enfants. Ce sont des adultes qui étaient venus dans leur jeunesse et qui sont très heureux de revenir maintenant au pèlerinage avec leur famille. On avait une quinzaine d’enfants en bas-âge. Quelques mamies aussi, des adultes, des jeunes et des enfants. C’était vraiment pour les Equipes St-Michel, comme l’avait voulu le Père Roberti : un pèlerinage intergénérationnel.

Pour conclure, j’aimerais inviter avec force toute personne qui lit cet article à venir nous rejoindre l’an prochain dans ce pèlerinage car c’est une expérience qui en vaut vraiment la peine et qui peut orienter quelqu’un dans sa vie, au travers de cette dimension de service notamment.

Les dates du pèlerinage sont toujours les mêmes : du 17 au 24 août.

Le site du pèlerinage est :

https://platinium-events.pixieset.com/plerinagedesesmlourdes2023/