Les Bollandistes

Le RP Robert Godding, sj, (ads 1973) directeur de la bibliothèque des Bollandistes, nous fait découvrir cette institution aussi vénérable que prestigieuse.

Bollandistes au 21e siècle

De Facebook aux bases de données, les Bollandistes restent jeunes!

                  Savez-vous pourquoi saint Valentin est le patron des amoureux ?  Où apparaissent pour la première fois les noms des rois mages ?  Depuis deux ans et demi, la Société des Bollandistes (SdB) a créé une page Facebook où, au fil du calendrier, un éclairage historique est proposé, en anglais et en français, sur telle ou telle question relative au saint du jour.  Certaines de ces notices montrent que l’hagiographie n’est pas sans liens avec des événements de l’actualité : la destruction de la mosquée ommayade d’Alep a été relatée dans les médias ; sait-on qu’elle avait été édifiée avec les pierres du sanctuaire des martyrs chrétiens Côme et Damien à Cyrrhus ?  On connaît le drame des enfants soldats ; l’un d’entre eux, le mexicain José Luis Sánchez del Río († 1928), martyrisé à l’âge de 14 ans, fut canonisé en octobre dernier.  Les réseaux sociaux permettent ainsi aux Bollandistes d’atteindre un nouveau public, bien plus large que celui des universitaires auxquels s’adressent leurs publications traditionnelles, et de le sensibiliser à l’hagiographie : non pas une dévotion dépourvue de sens critique, mais précisément une discipline qui ne craint pas de recourir aux méthodes de l’histoire et de la philologie pour éclairer le passé (et donc le présent) chrétien.  Aujourd’hui, plus de 3100 personnes suivent régulièrement la page ; mais il n’est pas rare qu’une notice totalise 6000 à 7000 ‘vues’ !  Une attention particulière est dédiée au choix des images : notre page constitue ainsi également une introduction à la richesse de l’iconographie des saints.  

                  Tant de nouveautés sont venues enrichir la vie des Bollandistes au cours des deux dernières années qu’il n’est pas possible de les énumérer toutes ici.  Mais l’arrivée d’un nouveau bollandiste est un fait trop rare pour être passé sous silence !  Marc Lindeijer, de la province des Pays-Bas, a travaillé huit ans à Rome comme vice-postulateur, chargé de promouvoir les causes de béatification des jésuites.  Il va pouvoir développer ses recherches sur la sainteté moderne et contemporaine, grâce notamment à la collection exceptionnelle de positiones – les documents imprimés servant de base au jugement sur le martyre ou les ‘vertus héroïques’ des serviteurs de Dieu – possédée par la SdB, une collection en croissance continue.

                  Les visiteurs ne pourront manquer de rencontrer une autre figure, dont la table de travail se trouve précisément dans la salle de lecture : Irini de Saint Sernin est grecque, orthodoxe, et passionnée par cette institution quatre fois séculaire, unique au monde, dotée d’une extraordinaire bibliothèque, qu’est la SdB.  La situation financière précaire de la Société ne saurait hypothéquer son avenir.  Il faut agir.  Depuis deux ans, Irini s’est lancée dans une entreprise de longue haleine, visant à mieux faire connaître les Bollandistes et leur travail, et à leur assurer le soutien économique indispensable à la poursuite et au développement de leurs activités.  Les premiers fruits ne se sont guère fait attendre.  Le Fonds Baillet Latour a offert un important subside permettant de cataloguer de façon informatisée quelque 22 000 volumes antérieurs à 1800.  L’opération a commencé le 3 janvier 2017 et devrait durer trois ans.  Trois catalographes sont ainsi venus s’adjoindre à l’équipe.  Dès la saisie des informations bibliographiques, celles-ci sont immédiatement disponibles en ligne sur le catalogue de l’Université Catholique de Louvain qui héberge le catalogue de notre bibliothèque depuis 2002.

                  La SdB dispose d’une immense documentation, mais celle-ci est contenue dans des fichiers manuscrits consultables sur place, alors qu’elle pourrait utilement être mise à la disposition de tous par le biais de bases de données électroniques consultables en ligne.  Aussi plusieurs projets scientifiques ont-ils été entrepris en ce sens, en partenariat avec d’autres institutions : recensement des manuscrits hagiographiques, dans le cadre plus large d’une base de données de manuscrits grecs élaborée par l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (CNRS, Paris); mise à jour et informatisation de la Bibliotheca Hagiographica Latina, répertoire de tous les textes hagiographiques latins antérieurs à 1500, en lien avec la KULeuven, etc. etc. 

                  Pour réaliser ces projets et assurer l’avenir de la plus ancienne, mais toujours jeune, société scientifique belge, le Bollandist Fund a été créé au sein de la Fondation Roi Baudouin : il est destiné à recueillir les dons de ceux et celles qui désirent soutenir cette grande entreprise.