Douze itinéraires d’anciens décédés (2020-2023)

Cette rubrique vise à dire un peu de la vie et des accomplissements d’anciens élèves dont le parcours les signale à notre attention. Elle se veut d’une certaine manière une continuation de la sélection de 250 notices parmi lesquelles les membres de l’AESM avaient sélectionné les cent ancien(ne)s du siècle.

Ces anciens élèves sont décédés pendant les années 2020, 2021, 2022 et le début de 2023 et sont présentés ici de manière chronologique.

Alain Deneef (Ads 1978)

Jean-Michel Pochet (Ads 1955)

Né le 12 août 1938, docteur en droit et licencié en sciences économiques, officier de réserve de la Marine belge, il fait carrière dans le secteur privé avant de se tourner vers le parti écologiste (il fut conseiller communal Ecolo à Saint-Gilles lors de la mandature de 2000) et de promouvoir le cyclisme urbain – qu’il pratique assidûment, notamment comme guide à vélo pour Pro Vélo. Redoublant une grande sociabilité, son intérêt pour les innovations littéraires et artistiques se concentre sur les écrits de Raymond Queneau, dont il devient un collectionneur éminent et un spécialiste reconnu : membre du Collège de Pataphysique, il présidera Les Amis de Valentin Brû. Il intègre aussi les conseils d’administration de plusieurs institutions bruxelloises (Maison du Livre, Quartiers Latins, Maison de la Francité, Musée Horta, CFC Editions), où son érudition, son sens de l’humour et son caractère conciliant le font apprécier de tous.

Egalement simenonien, ses préférences littéraires vont à l’anticonformisme, voire au facétieux. Il collabore épisodiquement à des revues comme Phantomas, Revue et corrigée ou Le Vocatif, au groupe louviérois Daily-Bûl, plus régulièrement au périodique déjanté Aménophis : il rejoint l’équipe de Marie-Claire Gouat et Robert Kayser en 1976, avant d’en devenir éditeur responsable. Dans des plaquettes comme L’aubette (Phantomas 1979) ou Le répondant du répondeur (Éd. de l’heure 2008), Jean-Michel Pochet – proche en cela d’un Jean-Pierre Verheggen – se plait à tourner en dérision tout ce qu’il peut exister de sérieux, d’officiel, de normé, et d’abord la langue française elle-même. « Il faut laisser aux questionnaires le temps de s’habituer à l’obscurité ». Friand d’anagrammes, de palindromes, de jeux de mots et de chiffres, il prend systématiquement le contrepied du rationnel et de l’académique, contribuant en toute modestie à la vitalité d’une « Belgique sauvage ». Il accueille à la belle saison en son vaste jardin de Blanmont de nombreux écrivain(e)s et artistes.

Il est décédé le 6 janvier 2020.

Jean-François Gilmont (Ads 1950)

Né à Tervueren le 30 mars 1934, après ses humanités gréco-latines (1944-1950) au collège, il entre dans la Compagnie de Jésus où il parcourt le cycle classique de formation jésuite. Après sa licence en philosophie au scolasticat des pères francophones à Eegenhoven-Louvain (1957), il obtient une licence en histoire ecclésiastique à l’Université grégorienne de Rome (1962). Il est l’auteur d’une Bibliographie Ignatienne (1894-1957) parue en 1958. En 1964, il quitte la Compagnie.

Commence alors une brillante carrière scientifique qui se structure autour de l’histoire du livre à l’époque de la Réforme. En 1966, il obtient à Louvain une licence en histoire avec un mémoire réalisé sous la direction du chanoine Aubert consacré aux Martyrologues protestants du XVIe siècle. En 1968, il rejoint l’UCL comme membre du personnel scientifique à la Faculté de théologie et défend sa thèse de doctorat, toujours sous la direction du chanoine Aubert, consacrée à Jean Crespin, un éditeur réformé du XVIe siècle, en 1976, une des premières thèses de théologie défendues à Louvain-la-Neuve. L’année suivante, il est nommé conservateur de la bibliothèque de théologie, dont il a préparé le déménagement de Leuven qui s’est installée provisoirement, à l’été 1975, dans le bâtiment Carnoy, Place Croix du Sud, avant de rejoindre le Collège Descamps en janvier 1981. Il en reste directeur jusque 1989, moment où se constitue la Bibliothèque générale et de sciences humaines (BGSH).

Détaché alors pour deux ans à Genève auprès de l’Institut historique de la Réformation, il y est chargé de publier la bibliographie des œuvres de Calvin éditées au XVIe siècle (1989-1991). Il rentre à Louvain-la-Neuve comme conservateur à la BGSH. Il s’y occupe de la Réserve précieuse, en tant que directeur du Service du livre ancien. En 1997, deux ans avant son éméritat (le 1er avril 1999), il obtient le diplôme d’agrégé de l’enseignement supérieur, avec un maître ouvrage qui paraît chez Droz : Jean Calvin et le livre imprimé.

Spécialiste de l’histoire du livre et de la lecture, il est considéré comme un des meilleurs connaisseurs au niveau mondial de l’imprimé dans le monde de la Réforme, et notamment de ses deux plus éminents représentants que furent l’éditeur Jean Crespin et le prédicateur Jean Calvin. Auteur de pas moins de 29 ouvrages, il a également co-dirigé 10 ouvrages collectifs et publié 178 articles ou chapitres d’ouvrages. Tôt responsable, dès 1975, d’un enseignement avec le cours d’heuristique en sciences religieuses (1975-1989), il est nommé comme chargé d’enseignement en 1984, avec un cours consacré à l’histoire du livre et de la lecture (1984-1989 et 1991-2000), puis, après son retour de Genève, avec un enseignement sur les origines historiques de la civilisation occidentale (1993-1999) et l’histoire de l’humanisme (1995-1999). En 2004, consécration tardive de sa carrière, il est élu membre de l’Académie royale des sciences, des lettres et des Beaux-Arts de Belgique, au sein de la classe des Lettres. Il sera aussi fait Docteur honoris causa de l’Università cattolica del Sacro Cuore de Milan. Notons également qu’il avait été président de l’Association professionnelle des bibliothécaires et documentalistes de 1984 à 1988 et membre du comité de rédactions de diverses revues : la Revue d’histoire ecclésiastique (1983-1987), Lectures (1984-1999) ; les Cahiers de la documentation (1987-1989), Nederlands Archief voor Kerkgeschiedenis (1992-1999) et Quærendo (1994-1998).

Il est décédé le 6 juin 2020.

Jean-Pol Léonard (Ads 1957)

Né à Ohey le 30 novembre 1939, docteur en médecine interne et médecine nucléaire, Jean-Pol Léonard a débuté sa carrière à Saint-Luc à Bruxelles. Ensuite, il a quitté son parcours universitaire initial (qui lui permit de découvrir l’importance du gluten) pour pratiquer en cabinet privé. Il a dirigé le service de médecine nucléaire au Parc Léopold avant de créer le service de médecine nucléaire au Centre médical Médicis. Il va très vite s’engager dans la défense syndicale et le GBS (Groupement des Unions professionnelles belges de Médecins spécialistes) pendant des années d’efforts ininterrompus. Domicilié au square Vergote, il n’était pas loin de l’INAMI qui était à côté du collège Saint-Michel, ce qui lui permettait des contacts fréquents. Non seulement ses compétences techniques étaient remarquables, mais la législation hospitalière n’avait aucun secret pour lui. Il était aussi versé dans les matières budgétaires et a été l’un des piliers fondamentaux des discussions médico-mutualistes récurrentes. En tant que membre de ce comité, il a pris part à toutes les discussions visant à équilibrer le budget, notamment au sein du Comité de l’assurance et de la Commission du contrôle budgétaire.

Il fut président de l’union professionnelle de médecine nucléaire du GBS et membre du bureau de l’Association belge des Syndicats médicaux (ABSyM-BVAS). La médecine nucléaire en tant que spécialisation distincte devait se développer et les textes être rédigés. Son mérite a été de vivre le détachement laborieux tant de la radiothérapie que de la médecine interne de même que l’avènement de la médecine nucléaire en tant que spécialité autonome. Dans le même temps, les techniques de dosage radio-immunologique in vitro faisaient leur entrée dans les laboratoires de biologie clinique. Cette transition difficile a été très progressive. Dans la grande majorité des cas, un accord cohérent avec les collègues biologistes cliniques a pu être conclu sur le terrain. Par la suite, les SPECT CT, PET et PET CT sont devenus possibles en tant que nouvelles techniques dans tous les services non universitaires. La nomenclature adaptée pour le PET et la programmation ont nécessité des décennies de négociations. Celles-ci ont abouti à un fonctionnement optimal auquel il a apporté une contribution majeure. Jean-Pol Léonard a toujours cru en l’avenir de la médecine nucléaire en tant que spécialité à part entière, résistant aux sirènes de l’absorption par l’imagerie médicale.

Bon pianiste et grand mélomane, lecteur boulimique, il était aussi amateur de vins et gastronome.

Il est décédé à Bruxelles le 4 septembre 2020.

Marc Van Goethem sj (Ads 1955)

Né le 8 avril 1936 dans une famille de brasseurs installée à Burcht, près d’Anvers, il fréquente l’école primaire chez les Frères des Écoles Chrétiennes, mais doit poursuivre sa scolarité, par suite des bombardements du port d’Anvers, au collège Saint-Michel à Bruxelles où il fera des humanités gréco-latines. Il entre au noviciat d’Arlon le 7 septembre 1956, fait ses études de philosophie à Eegenhoven (Leuven) et, après trois années comme éducateur à Charleroi, retourne à Eegenhoven pour les quatre années de théologie. Ce sont les années « 1968 », avec tous les bouleversements de l’époque et la création de l’Institut d’Études Théologiques. Marc sera ordonné prêtre par Mgr André Lefebvre, ancien évêque de Kikwit, le 28 juin 1969.

Dès 1970, il entre en contact avec l’abbé Édouard Froidure. Ce prêtre bruxellois avait mis sur pied un vaste ensemble de projets sociaux pour les enfants défavorisés (les Petits Sapins) ainsi que d’aide au Quart-Monde (les Petits Riens, un service d’entraide créé dès 1937 qui donnait du travail à des chômeurs et permettait d’acheter du mobilier à petit prix). Marc y collaborera pendant huit ans.

Après divers ministères à Bruxelles (pastorale au centre-ville à Notre-Dame du Finistère) et à Charleroi (église du collège), il est attaché à la communauté jésuite Saint-François Régis, au chemin d’Opstal, tout en vivant à la Bergerie de Berdine, dans le Vaucluse. Il vécut des années éprouvantes mais heureuses dans ce lieu d’accueil et de vie pour personnes en difficulté, notamment confrontées à des addictions.

De retour en Belgique, une grande diversité de ministères lui permettra de rester proche des personnes marginalisées ou en souffrance (pastorale des gens du voyage, forains et gitans avec le père Georges Nossent ; enseignement de la religion à l’institut Saint-Joseph à Etterbeek ; aumônerie de clinique aux Deux Alice à Uccle). En 1998, Marc sera chargé de l’accueil au Centre spirituel de La Pairelle à Wépion, ministère qu’il exercera avec dévouement pendant plusieurs années, avant de rejoindre la communauté Saint-Claude La Colombière en septembre 2006.

Il est décédé le 19 juin 2021.

Werner Lambersy (Ads 1960)

Né à Anvers le 16 novembre 1941, il est issu d’une mère d’origine juive et d’un père flamand. Pendant la guerre, son père s’engage dans la Waffen SS en 1942, ce qui met bientôt fin au couple parental. Après la guerre, son père ira en prison et Werner ne le connaîtra pas durant son enfance. Werner Lambersy optera pour le français, acte de résistance comme il le définira lui-même. À partir de 1948, la langue, au sein de son nouveau foyer, est le français. Désormais installé à Bruxelles avec sa mère et sa grand-mère, il fait ses études au collège Saint-Michel. Entre 1960 et 2002, il vend de l’électroménager, de la haute couture, des voitures, du gros matériel de cuisine, des allumettes (pendant quinze ans chez Union Match) avant de devenir attaché littéraire, chargé de la promotion des lettres belges au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris pendant une quinzaine d’années, jusqu’en 2002.

Il publie ses premiers livres poétiques à la fin des années 1960, et n’arrêtera jamais d’enrichir son œuvre, saluée par plusieurs prix littéraires. La Perte du temps suivi de On ne peut pas dépenser des centimes (Castor Astral, 2015) lui vaut les Prix Mallarmé et Théophile-Gautier, tandis que la Société des Gens de Lettres lui remet son prix en 2004. Il obtient encore le prix triennal de poésie de la Communauté française de Belgique, le prix Maïse-Ploquin-Caunan et le prix international de poésie francophone Yvan-Goll.

Reconnu à l’international, le poète a vu ses textes traduits en allemand, anglais, bengali, chinois, japonais, hindi, italien ou encore néerlandais. Son oeuvre est considérablement influencé par les littératures et spiritualités du Japon et de l’Inde, Werner Lambersy ayant séjourné dans ce dernier pays. Il était intéressé par les mystiques rhénanes et aimait le langage de la mystique Hadewijch d’Anvers qui vécut au 13e siècle. Il appréciait les mystiques allemands, Maître Eckhart, notamment. Il se définissait lui-même comme ‘athée provisoire’, malgré ses douze ans chez les jésuites. La mystique, il la retrouve en Orient sous d’autres formes, mais les interrogations étaient toutes aussi essentielles. Le néant, le vide et le manque sont des notions qui résonnent dans son œuvre. La beauté, le désir et l’insatisfaction sont des moteurs de sa poésie.

Auteur de près de soixante-dix ouvrages, surtout des recueils de poésie, mais également des essais et des pièces de théâtre, il est considéré comme une voix majeure de la littérature francophone.

Il est décédé le 18 octobre 2021.

Christian Rousseaux (Ads 1953)

Né à Schaerbeek le 15 juin 1935, il devient ingénieur commercial UCL avant de décrocher un MBA à la University of Michigan à Detroit et un MBA à la Carnegie Mellon University à Pittsburgh. Successivement, chef de service de Tensia SA, directeur général de Liebig, il fonde Produpress qui reprend le Moniteur Automobile en 1976. S’il n’a pas créé le nom « Moniteur Automobile », qui lui préexistait depuis 1950 (jusqu’à son rachat, il vivotait sous la forme d’un tabloïd de 4 pages reprenant seulement les prix des voitures commercialisées en Belgique), Christian Rousseaux va rapidement en faire le magazine incontournable de la presse auto en Belgique. Il fera monter à bord des pointures comme Paul Frère, qui apporteront leur crédit et leur rigueur.

Il est à la base de la formule encore actuelle des Essais Détaillés, des Référendums des Propriétaires (abandonnés pour des raisons juridiques), des petites annonces, du cahier bleu. Sous sa guidance, le groupe a connu une croissance remarquable : lancement de la version néerlandophone (De) AutoGids, en 1979, lancement de la version française avec un bureau à Paris, en 1984, lancement des magazines NetCetera, Déco Idées, Tu Bâtis/Je Rénove, rachat du magazine AutoWereld en 2004. Il fut l’un des premiers à croire à Internet en lançant, dès 1996, un site dédié, automagazine.be, devenu depuis moniteurautomobile.be. Entrepreneur visionnaire, il reprend en 1996 la plateforme Immoweb qui devient incontournable dans le paysage immobilier belge et sera revendue au groupe Axel Springer en 2012 pour plus de 150 millions d’euros.

Il est décédé le 22 décembre 2021.

Baron Charles-Evence Coppée (Ads 1971)

Evence-Charles Coppée, 1999 à Libération

Né le 16 juin 1953 à Etterbeek, il devient licencié en sciences économiques appliquées de l’UCL. D’abord consultant en organisation pendant sept ans au sein du Boston Consulting Group, il développe une carrière d’homme de missions. Arrivé en 1987 chez Pathé pour aider la direction à réussir la diversification dans le textile après le rachat de Chargeurs au groupe Prouvost, il doit d’abord restructurer le pôle tissu-habillement en Europe, avant de le développer à l’international, notamment en Chine. Puis, de 1992 à 1996, en tant que directeur du développement du groupe Chargeurs-Pathé, il lance les activités de distribution de films, de télévision payante et de presse. En 1996, Chargeurs-Pathé, actionnaire historique de « Libération », en devient l’actionnaire majoritaire et Evence-Charles Coppée est chargé de redresser ce journal traumatisé par l’échec de sa nouvelle formule. Il sera celui qui devra trouver des actionnaires financiers, la société d’investissement 3i, en 2000, puis Edouard de Rothschild, en 2005 (auquel étaient associés Le Nouvel Observateur, El Mundo et le Groupe IPM (éditeur de La Libre Belgique), quand le journal refait des pertes.

Après neuf ans à la tête du quotidien, dont il était directeur général et cogérant, il quitte le journal. Il est nommé directeur général délégué d’Infogrames et entre au conseil d’administration du groupe où il est chargé d’assainir les comptes, trouver de nouvelles ressources pour développer des jeux dans un marché marqué par l’inflation des coûts et, surtout, renforcer la cohérence du groupe, de Lyon, son berceau, à New York, où il est coté sous le nom d’Atari. Il sera encore actif dans la recherche pharmaceutique pour finir en gentleman-farmer en Roumanie. Il restera actif la presse puisqu’il était le directeur de la publication de A Magazine Curated by, la revue de langue anglaise dédiée à la mode et au stylisme.

Il est décédé le 11 janvier 2022 à Roumont dans le château familial.

Paul Löwenthal (Ads 1953)

Né à Gand le 1er septembre 1936, il est d’ascendance juive allemande et lituanienne orthodoxe par son père et flamande catholique par sa mère. Après ses études secondaires au collège, il étudie l’économie à l’UCL, tout en travaillant dans ce qui était encore la Banque de la Société Générale de Belgique. En 1963, il devient chercheur puis, en 1970-71, professeur à l’UCL et aux Facultés universitaires catholiques de Mons (Fucam). Outre des cours de base en économie politique, il y enseigne les conjonctures économiques, la politique économique et les finances publiques.

Spécialisé en analyse et prévision conjoncturelles, il dirige le Service de conjoncture de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) de l’UCL entre 1970 à 1992. A partir de 1989, il se réoriente vers la coordination de politiques, en particulier dans l’intégration entre économies inégalement développées. Entre 1982 et 2006, il accomplit des missions de coopération inter-universitaire en Amérique latine, principalement en Uruguay, Chili et Pérou, dans ses deux domaines de spécialisation.

Entre 1995 et 2007, il travaille les droits de l’homme économiques et sociaux à la Ligue des droits de l’homme et à Amnesty International de Belgique francophone. Émérite depuis 2001, Paul Löwenthal s’investit dans la philosophie politique, notamment la place des religions et convictions philosophiques dans l’État laïque. Représentant l’UCL au Conseil Interdiocésain des Laïcs de Belgique francophone de 1996 à 2001, il le préside de 2001 à 2007. Il est l’auteur de nombreux ouvrages tels que L’Etat laïque vu par un catholique (2004), Ne laissons pas mourir l’Eglise : Foi chrétienne et Église catholique (2011), Quand douter libère (2015) et Par nous, avec nous et en nous (2020).

Il est décédé le 8 février 2022.

Robert De Coster sj (Ads 1936)

Robert De Coster est né le 23 mars 1918 à Londres où ses parents avaient fui la guerre. Il sort de rhétorique du collège Saint-Michel en 1936. Il y a été préfet de congrégation, président du comité des sports et surtout un ardent propagandiste de la Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC) dont il sera président de la section du collège. Il devient jésuite, comme sept autres de ses camarades de classe. Docteur en philologie classique, il est ordonné en 1949. Pourtant destiné à l’enseignement universitaire, il s’en va au collège-internat Saint-Paul à Godinne où il reste 17 ans dont onze ans comme professeur de rhétorique. Il rejoint ensuite le collège Saint-Michel en cette même qualité avant d’en devenir directeur quelques mois plus tard. Il le sera de 1970 à 1976, devenant le premier directeur (dit du ‘centre scolaire’) qui ne soit pas en même temps recteur de la communauté jésuite. Il verra la halle de sport inaugurée grâce au financement de l’Amicolmi. Il est encore six ans directeur du collège Saint-Stanislas à Mons où il introduit mixité et rénové. Il est encore six ans recteur de la communauté de Liège, avant de devenir préfet de la Diglette Saint-Michel, maison de vacances des pères jésuites de Saint-Michel et centre de vacances, construite en 1932, en lisière de la forêt de Saint-Hubert. De 1988 à 2017, il en sera l’animateur et y déploiera son génie du bricolage. Forcé par son grand âge de se replier vers la maison de la Colombière à l’arrière de Saint-Michel, il continuera à rédiger des livres. On lui doit notamment Souvenirs d’un vieux routier de l’éducation qu’il publie à l’âge de cent ans.

Il meurt le 7 octobre 2022, âgé de 104 ans, étant sans doute un des plus vieux jésuites du monde et à notre connaissance l’ancien de Saint-Michel ayant vécu le plus longtemps.

Hubert Jacobs sj (Ads 1947)

Né à Etterbeek le 12 septembre 1929, Hubert Jacobs réalise ses études secondaires à l’institut Saint-Stanislas et au collège Saint-Michel avant d’entrer, dès ses 18 ans, au noviciat de la Compagnie de Jésus. Il y est ordonné prêtre le 7 septembre 1960 et réalise sa formation à Eegenhoven puis à Chantilly en France. C’est pour sa régence qu’il arrive à Saint-Servais à Liège. Il prononce ses derniers vœux dans la Compagnie en 1965 et réalise son doctorat en philosophie à l’Université de Namur qu’il ne quittera plus. Entre la faculté de philosophie et lettres, le Grand Séminaire, les éditions jésuites de la rue Blondeau, l’avenue Reine Astrid où il donne cours d’histoire de la spiritualité aux propédeutes de l’Emmanuel, la bibliothèque et le CDD…  S’il est également professeur à l’IET (Institut d’Études Théologiques) de Bruxelles, au noviciat jésuite ou à la Fraternité de Tibériade, c’est à l’UNamur qu’il réalise sa carrière académique comme professeur d’histoire de la philosophie. Professeur très aimé de ses étudiants, il hérita du surnom de ‘Père adorable’. Grand pédagogue, il n’hésitait pas à émailler ses cours d’anecdotes fleuries pour rendre vivante cette histoire de la pensée qu’il aimait tant. De longues discussions s’en suivaient devant un café chaud où les apprentis philosophes discutaient avec lui des heures durant.

Parti deux années consécutives pour donner cours à Madagascar, notamment avec le cardinal Barbarin, il était rentré profondément reconnaissant et touché par les habitants de Madagascar si accueillants dans des conditions de vie si précaires. Directeur de la Nouvelle Revue Théologique pendant douze ans, Hubert Jacobs collaborait depuis 2010 avec les études lubaciennes où il fut, ces dernières années, très actif notamment dans l’Association internationale Cardinal Henri de Lubac.

Il est, par ailleurs, l’auteur de nombreuses contributions et ouvrages, notamment sur les saints et bienheureux de Belgique pour lesquels il a collaboré avec les éditions jésuites, Fidélité et Lessius.

Il est décédé le 9 décembre 2022.

Jean-Pierre Debroux (Ads 1969)

Né à Liège le 6 mai 1951, sa famille s’installe au Congo cinq ans plus tard, avant d’en revenir de manière précipitée en 1960. Il devient ingénieur commercial et de gestion (UCL). Il se spécialise dans les chiffres et devient comptable, puis expert-comptable en 1985 quand le titre est reconnu.

Il co-fonde le Bureau Debroux et Associés qui se développera rapidement et compte aujourd’hui une trentaine de personnes. Son activité professionnelle, de même que celle de son épouse qui est réviseur d’entreprise, leur donnera une chance extraordinaire : celle de pouvoir rencontrer, dès le début de leur carrière, le monde associatif auquel ils donneront leur temps et leur expertise bénévolement.

Il devient professeur de comptabilité à l’EPHEC, mais c’est son engagement associatif et philanthropique qui marquera les esprits. Il est président du conseil d’administration de l’Arche-Bruxelles et sera aussi trésorier de l’arche internationale. Il préside le conseil d’administration du CBIMC (Centre belge pour Infirmes moteurs cérébraux), situé dans le quadrilatère du collège, rue Père Eudore Devroye.

Son dernier engagement sera comme trésorier du Pouvoir organisateur du nouveau collège jésuite Matteo Ricci, situé à Anderlecht dont il fait partie de l’équipe fondatrice en 2015.

Il est décédé le le 27 décembre 2022.

Jacques Liesenborghs (Ads 1958)

Né à Namur le 7 avril 1941, Jacques Liesenborghs sera un temps membre de la Compagnie de Jésus.  Il devient licencié en philologie classique de l’Université catholique de Louvain (1964), puis enseigne le latin et le grec au collège Cardinal Mercier à Braine-l’Alleud à partir de 1965, avant de devenir le directeur de l’établissement en 1970 à l’âge de 29 ans, fonction qu’il assure jusqu’en 1977. Il y régnait un climat imprégné de Mai 68, propice à l’innovation. Le collège est ainsi devenu un lieu d’expression culturelle, avec des concerts d’élèves, des pièces de théâtre, etc. Mais il sera très vite confronté à une partie de l’association de parents hostile au type d’initiatives à prendre, et surtout sur la place qu’on donnait aux propositions des élèves. Ces débats furent même relayés dans la presse.

Il se consacrer ensuite à la formation d’ouvriers à l’Atelier marollien (1977-1987). En 1980, il devient de surcroît professeur à l’Institut supérieur catholique pédagogique à Bruxelles, où il donne des cours de formation générale et d’inter-culturalité. Pendant dix ans (1980-1990), il est le secrétaire général de la Confédération générale des Enseignants (devenue Changement pour l’Egalité) qu’il a contribué à fonder. C’est en vain qu’il dénonce alors la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans et les mesures budgétaires décidées à Val Duchesse.

Membre de la Commission de travail qui planche sur les Zones d’Education prioritaire (ZEP) (1988-1990), il déplore l’absence totale de moyens pour lancer un projet qui ferait renaître de l’espoir. Le mouvement enseignant qui se mobilise au cours des années 1989-1991 donne à l’animateur de la CGE l’occasion d’une plus grande visibilité médiatique pour faire entendre les diverses solutions concrètes qu’il suggère depuis longtemps. Tout au long de l’année 1990, au sein de collectifs et de forums, il contribue à une importante réflexion sur le devenir de l’école et sur les moyens concrets à mettre en œuvre pour aboutir à une réelle amélioration qualitative du secteur. Ayant rejoint le mouvement Écolo en juillet 1990, il s’impose comme le spécialiste des questions « Enseignement » au sein du parti des Verts. Aux élections législatives du 24 novembre 1991, il convainc les électeurs de l’arrondissement de Nivelles de lui ouvrir les portes du Sénat. Il siégera aussi au Parlement wallon et surtout au Conseil de la Communauté française (1992-1995), où, imperturbablement, il réclame des mesures concrètes. Porteur de la triple casquette parlementaire, il vote l’ensemble des textes de l’importante révision institutionnelle qui fait de la Belgique un État fédéral, renforce l’autonomie de la Wallonie et apporte de l’argent frais à la Communauté française (1992-1993), tout en considérant que ces mesures ne sont pas suffisantes.

Particulièrement critique et actif sur les bancs parlementaires, en commission comme en plénière, il renonce à se porter candidat en ordre utile en mai 1995. Il se consacre ensuite à nouveau à des actions de terrain. Il reprend son métier d’enseignant à l’ISCAP (devenu l’ISPG) et siège pour Écolo au Conseil d’administration de la RTBf (1999-2004).

En dehors des partis politiques, lors de conférences, de cartes blanches, d’articles ou de livres (Avec ta gueule de Flamand et Ecoles notre affaire à tous, 2008) ou sur son blog, il continue de mener son combat en faveur de mesures radicales pour « changer l’école » et en faire « une école pour tous ». Il est par ailleurs l’un des fondateurs de l’Epi Lorrain, monnaie locale et éthique alternative à l’Euro utilisée principalement dans le sud de la province de Luxembourg.

Il est décédé le 18 février 2023.

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